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Appel
Date limite de soumission : mardi 15 juin 2021
En 2014, le Réseau des géographes libertaires (RGL) proposait une définition, non arrêtée, d’une perspective anarchiste en géographie : « Une perspective anarchiste en géographie analyse, et dénonce, les formes spatiales du pouvoir, que celles-ci soient particulièrement coercitives et visibles, ou faiblement. Elle interroge les espaces où se déroulent actuellement les résistances à ce pouvoir. Elle réfléchit sur les modes géographiques d’organisation qui permettent de substituer au pouvoir (autoritaire) une puissance — ou une capacité — libertaire. Dans le prolongement des réflexions menées par le RGL, l’objectif de ce numéro est de tendre collectivement à la définition et au recensement des pratiques, toujours en construction, d’une géographie libertaire ou anarchiste, qui rende compte de sa richesse et de sa diversité comme garantie d’évitement du dogmatisme théorique.
Le Réseau des Géographes Libertaires (RGL) est fondé en 2010 pour faire le lien entre monde académique et mouvement social en privilégiant une entrée analytique spatiale, territoriale et environnementale. Ce réseau entend relier la science géographique et les approches anarchiste et libertaire, ces dernières n’étant pas vues de façon dogmatique mais considérées comme des postures critiques et des pensées libres.
Le RGL s’attache ainsi à prolonger les liens historiques entre anarchie et géographie, qui remonte aux origines de la discipline, dans la lignée des écrits de Reclus, Kropotkine ou Metchnikoff ; et à promouvoir une géographie qui s’affranchit des frontières disciplinaires (entre sciences sociales, et au-delà) et qui ne se réduit pas à un courant désigné et délimité par un épithète, qu’il soit celui de « sociale », « physique », « culturelle », « radicale » ou « politique ».
En 2014, le RGL proposait une définition, non arrêtée, d’une perspective anarchiste en géographie : « Une perspective anarchiste en géographie analyse, et dénonce, les formes spatiales du pouvoir, que celles-ci soient particulièrement coercitives et visibles, ou faiblement. Elle interroge les espaces où se déroulent actuellement les résistances à ce pouvoir. Elle réfléchit sur les modes géographiques d’organisation qui permettent de substituer au pouvoir (autoritaire) une puissance — ou une capacité — libertaire.
Une perspective anarchiste de la géographie peut libérer celle-ci d’un carcan verticaliste et lui substituer une lecture horizontale du monde, démontant les systèmes hiérarchiques et valorisant les tentatives horizontales d’émancipation humaine dans l’espace.
Elle n’a pas une vision statique et fétichiste de la nature. Elle s’interroge sur les limites supposées de la biosphère et de la terre, elle questionne le retour du malthusianisme en science comme en politique. Elle réfléchit sur une mésologie qui soit sociale.
Elle n’est pas l’esclave de la technique, mais elle ne tombe pas non plus dans une critique aveugle ou tronquée de la technologie. Elle se met au service non des dominants, en leur fournissant des outils d’analyse et de contrôle, des discours et des lectures du monde, mais au service de la société, du peuple. Elle le fait non pas de l’extérieur ou d’en haut, mais en son sein, en franchissant et en dépassant la barrière académique ».
Dans le prolongement des réflexions menées par le RGL, l’objectif de ce numéro est de tendre collectivement à la définition et au recensement des pratiques, toujours en construction, d’une géographie libertaire ou anarchiste, qui rende compte de sa richesse et de sa diversité comme garantie d’évitement du dogmatisme théorique. Par ailleurs, si ce numéro est proposé et coordonné par le RGL, il n’est en aucun cas envisagé d’en faire un numéro rassemblant uniquement des textes de membres du RGL. Ainsi, toute personne se reconnaissant dans l’appel qui suit est invitée à proposer sa contribution.
Le regain de la pensée anarchiste, un mouvement de fond dans les sciences sociales, en géographie et dans la société.
On assiste depuis plusieurs années à un net regain des pensées et des pratiques anarchistes au sein des mouvements sociaux ; au succès des thèses issues de l’écologie sociale, du communalisme et du municipalisme libertaire (Bookchin, 1982 ; 1995 ; 2020) ; à une intensification des luttes impliquant des occupations et des appropriations de l’espace ; et à des expériences d’autogestion menées à différentes échelles territoriales, du Rojava au Chiapas en passant par les piqueteros argentins.
Le monde académique s’est également réemparé de la pensée anarchiste, si bien qu’un « anarchist turn » des sciences sociales a pu être évoqué (Blumenfeld, Bottici, Critchley, 2013). C’est notamment dans les disciplines géographiques et anthropologiques que cette résurgence a pu être repérée récemment, après un premier retour dans les années 1970 au sein de la géographie radicale[1]. Cette résurgence se manifeste dans des ouvrages (Graeber, 2004 ; Pelletier, 2013 ; Scott, 2014 ; Springer, 2016 ; Macdonald, 2018), des numéros de revue (ACME, 2012 ; Antipode, 2012 ; Journal des anthropologues, 2018 ; Mouvements, 2020), des colloques et des conférences (« Anarchisme et sciences sociales », 2018 ; « Commun.e.s. Actualité du municipalisme libertaire », 2018 ; « 2ème Conférence Internationale des Géographes et Géographies Anarchistes et Libertaires », 2019).
Cette actualité sociale et académique invite à répondre collectivement aux questions suivantes : Existe-t-il une géographie spécifiquement anarchiste, des géographes anarchistes ou des pratiques et approches anarchistes de la géographie ? Quelles seraient alors les spécificités d’une géographie libertaire, tant dans les postures théoriques, les angles d’analyses et les méthodes empiriques ? Les réponses apportées à ces questions font débat au sein même du RGL. Certain.es d’entre nous estiment qu’il est urgent de structurer ces cadres théoriques et méthodologiques particuliers, souvent dispersés et implicites ; d’autres contestent l’idée d’une spécificité théorique et méthodologique, considérant qu’il s’agit surtout de postures et d’objets privilégiés par des « géographes » anarchistes (Pelletier, 2019).
Axes thématiques
Les contributions proposées pourront se référer particulièrement à l’un des axes suivants, ou en croiser plusieurs à travers des réflexions théoriques, des analyses réflexives et des études de cas.
1) Les fondements théoriques d’une géographie anarchiste
2) Matérialisation et spatialisation des idées libertaires
3) Apports méthodologiques et pédagogiques de l’approche anarchiste pour la science géographique
Formats et modalités pratiques
Au-delà du format classique de l’article scientifique, des propositions prenant la forme d’entretiens avec des collectifs militants, de podcasts, de reportages photographiques sur des mouvements sociaux, de journaux de terrain ethnographiques, de prises de positions militantes, etc., sont également attendues ; qu’elles émanent de chercheur.es titulaires ou précaires, d’étudiant.es, de professionnel.les, d’activistes, etc. Ces propositions pourront être rédigées en différentes langues. Enfin, les coordinateurs.trices du numéro laisseront la possibilité aux auteur.es qui le souhaitent de publier un texte féminisé.
Toutes les propositions de contributions seront à envoyer pour le 15/06/2021 à numerorgl chez riseup.net
Les auteur.es peuvent contacter les coordinateurs.trices pour faire part de leur intention de proposer un article et poser toutes questions qui leur semblent nécessaires.
Par ailleurs, si ce numéro est proposé et coordonné par le RGL, il n’est en aucun cas envisagé d’en faire un numéro rassemblant uniquement des textes de membres du RGL. Ainsi, toute personne se reconnaissant dans l’appel qui suit est invitée à proposer sa contribution.
Évaluation
Elles seront relues par deux évaluateurs.trices extérieur.es à la revue, membres du RGL ou non.
Page créée le lundi 21 septembre 2020, par Dominique Taurisson-Mouret.