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Le labo Junior a été sélectionné à la fin de l’année 2020 pour être financé pendant deux ans dans le cadre des Laboratoires Juniors et de l’axe 5 de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux. Fédération de recherche sur les sociétés anciennes (MOM). Il a pour sujet principal les sociétés nomades, fréquemment traitées à la marge de recherche portant sur d’autres sujets, en raison de biais liés aux sources, de contextes épistémologiques et du manque d’approches efficientes.
Le collectif de jeunes chercheurs à l’origine du projet s’est donc fixé pour objectif de les remettre au cœur de la recherche tout en questionnant les méthodologies à partir d’une réflexion interdisciplinaire.
Un nouveau sujet d’étude ?
Le nomadisme remonte aussi loin que notre connaissance des sociétés humaines. En effet, durant le Paléolithique qui couvre la majeure partie de l’histoire de l’humanité, la subsistance des groupes humains reposait sur la mobilité à différentes échelles spatio-temporelles. L’essor de sociétés sédentaires au Néolithique n’a pas amené à la fin de ces modes de vie et d’exploitation de l’environnement qui perdurent encore aujourd’hui sous diverses formes. La question des sociétés nomades concerne donc l’ensemble des périodes préhistoriques et historiques.
Pourtant, l’étude des sociétés nomades se heurte à trois écueils majeurs :
Les sociétés et les activités nomades laissent des vestiges archéologiques ténus : leurs infrastructures habitées sont légères, souvent réparties dans des espaces extensifs et leurs cultures matérielles sont moins reconnues ;
À l’échelle historique, un grand nombre de sociétés nomades ne produisant pas ou peu d’écrits, leurs passés et leurs présents ont surtout été décrits par les sédentaires. Les principales sources textuelles leur sont donc externes ;
Le positivisme et l’évolutionnisme du XIXe s. ont contribué, en particulier dans le contexte de la colonisation, à façonner une tradition scientifique occidentale qui envisageait jusqu’à récemment, les nomades comme primitifs et irrationnels, par opposition aux sédentaires plus évolués et aboutis.
Cette vision ne résiste pourtant pas aux réalités, comme l’ont démontré des auteurs ayant passé du temps auprès des nomades. Ainsi, c’est bien par manque de données et d’approches efficientes – malgré des progrès récents de la géoarchéologie et de l’archéométrie pour qualifier et définir les déplacements et leur saisonnalité – que les recherches sur ces populations connaissent un frein dès lors que l’on dépasse le temps de la mémoire des vivants.
Un questionnement archéologique, historique et géographique
Nomad’s lands est un cadre de réflexion commun et transversal visant au développement de nouvelles approches pour décrire les nomades et les espaces qu’ils occupent et parcourent de manière plus nuancée à partir de trois axes de réflexion :
Connaissance et gestion des environnements par les nomades. Comment les environnements et les sociétés nomades interagissent-ils ? Quelles sont les modalités de gestion des ressources et des contraintes ? Dans quelles mesures celles-ci se transmettent et/ou s’adaptent aux changements environnementaux ?
Unité et diversité des cultures matérielles. Comment définit-on des cultures matérielles de la mobilité et du nomadisme ? Quels traits communs ou divergences retrouve-t-on à travers le temps et l’espace ? Qu’emporte-t-on avec soi et, à l’inverse, que laisse-t-on derrière soi ? Que fabrique-t-on à nouveau ? Qu’en reste-t-il dans le temps ?
Relations entre nomades et sédentaires. Comment envisager l’insertion des nomades dans des réseaux socio-économiques ou politiques plus larges incluant d’autres sociétés de même type et/ou des sédentaires ? L’un des groupes peut-il exister sans l’autre ? Les contacts et échanges sont-ils à sens unique ? Constate-t-on des transferts culturels ? Selon quelles modalités ?
L’interdisciplinarité pour contribuer à un renouvellement des approches du nomadisme
Nomad’s lands est un espace de dialogue entre chercheurs séniors, juniors et étudiants issus de disciplines multiples. Reposant notamment sur l’archéologie, l’histoire, la géographie d’une part, et sur des échanges avec d’autres spécialistes (ethnographes, anthropologues...), il est un lieu d’étude des sociétés nomades de la préhistoire à nos jours dans une recherche émancipée des discours qui, encore récemment, les marginalisaient. Ce travail sur l’occupation et l’itinérance humaine en diachronie est aussi une proposition méthodologique et exploratoire qui vise à participer au renouvellement des questionnements et des approches du nomadisme, en envisageant les nomades autrement et en replaçant leurs sociétés au centre. Nomad’s lands s’inscrit ainsi dans une tradition pluridisciplinaire de transferts méthodologiques et de comparaison diachronique ancrée à la MOM depuis la fin des années 1970.
Pour mettre en œuvre ses objectifs, Nomad’s lands organise des séminaires réguliers (8 séances prévues entre janvier 2021 et décembre 2022 ; voir le programme dans l’agenda ci-contre) et coordonne un colloque final (en 2e année de financement). Ces rencontres scientifiques mobilisent les compétences de terrain et d’analyse de spécialistes de la MOM et d’autres institutions. Nomad’s lands jette ainsi les bases d’un réseau de recherche, de mutualisation de données et d’approches existantes ou en cours d’intégration au sein de missions et de projets de recherche. L’apport des spécialistes issues de disciplines peu ou pas représentées à la MOM permet de poser un nouveau regard sur des données peu exploitées jusqu’alors appréhendées ou acquises souvent à la périphérie des études historiques, archéologiques et géographiques, et d’en proposer des interprétations renouvelées. La démarche initiée par Nomad’s lands permet ainsi de réviser les cultures matérielles, les stratégies d’occupation des territoires et de déplacement, la gestion des ressources et de l’environnement et les relations entre les différentes sociétés nomades.
Page créée le mercredi 23 juin 2021, par Webmestre.