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« Compter en situation coloniale. Chiffrer et déchiffrer les empires XIXe-XXe siècle »

ANR-21-CE41-0012

« Quatre axes :

- Compter aux colonies. Les statistiques coloniales officielles
Coordonné par Béatrice Touchelay (Université de Lille / IRHiS UMR 8529)
Équipe : Boris Samuel (IRD / CESSMA UMR 245), Florence Jany-Catrice (Université de Lille / CLERSÉ UMR 8019), Hugo VERMEREN (Université Paris I Panthéon-Sorbonne / TELEMMe UMR 7303 / IC-Migrations)

Cet axe est s’intéresse aux « statistiques officielles », produites par les administrations de la métropole et des territoires français d’Afrique, protectorats, colonies et mandats, et qui informent sur les situations démographiques, sociales et économiques et sur leurs évolutions. Diffusées sous un timbre officiel, sous la forme de rapports, d’annuaires, de bulletins, d’insertion au Journal Officiel, leur fabrication suscite une abondante correspondance, des pré-rapports et différentes notes, directives, instructions, contrats des enquêteurs, commandes de carnets… qui éclaire la généalogie des enquêtes et les tensions qu’elles suscitent. La plupart de ces statistiques sont extraites de sources administratives (douanières ou commerciales) collectées par les administrations territoriales. Elles s’appuient plus rarement sur des enquêtes (recensements, dénombrements, relevés, questionnaires). Chaque étape de leur production représente un coût, une charge de travail pour l’administration des territoires, qu’il conviendra de comparer aux « avantages » qu’elles procurent, afin de mieux comprendre le fonctionnement de l’« État colonial ». On cherchera à interpréter le fait, par exemple, que les protectorats du Maroc et de Tunisie délèguent leurs statistiques à la France ou que celle-ci rechigne à financer plusieurs enquêtes statistiques en Afrique subsaharienne alors qu’il s’agit de devoirs de souveraineté. Les statistiques officielles seront donc abordées en termes politiques, pour insister sur les rapports de forces qui guident les classifications, fondent les hiérarchies et supportent le pouvoir.

- Compter aux colonies. Banques, monnaies et crédit
Coordonné par Olivier Feiertag (université Paris I Panthéon-Sorbonne / IDHE.S UMR 8533)
Équipe : Arnaud Clermidy (Université de Lille / IRHiS UMR 8529), Faraga Kalimassa (université Paris I Panthéon-Sorbonne / IDHE.S UMR 8533) et Mandiaye Alassane Sy (université Paris I Panthéon-Sorbonne / IDHE.S UMR 8533)

Cette partie de l’enquête vise la production des chiffres par les banques, particulièrement les banques d’émission encouragée en situation coloniale, leur pénétration s’opérant souvent à l’occasion de l’émission d’un emprunt international consenti par un syndicat bancaire ou une banque au profit d’un souverain, d’un État pré-colonial ou déjà colonisé (exemple : Maroc, Algérie ou Tunisie ; Gharbi, 2005 ; Bonin, 2004). Cette production vise à réduire l’asymétrie d’information et l’incertitude et à gérer les risques inhérents à toute politique de crédit. Les banques supervisent aussi la production des chiffres des douanes pour établir le montant des recettes qui gagent le service de la dette souveraine, évaluer ainsi le risque souverain et la solvabilité d’un État. Elles produisent et gèrent les statistiques financières à travers le décompte de la dette publique. L’étude de cette mise en chiffres du réel dans différentes situations coloniales et de son impact est celle de vecteurs privilégiés de la colonisation économique. Les terrains retenus pour la collecte d’archives sont le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Sénégal et le Togo.

- Compter aux colonies. Recensements de la main-d’œuvre et statistiques des conditions de travail
Coordonné par Annick Lacroix (Université Paris Nanterre / IDHE.S UMR 8533)
Équipe : Cissé Chikouna (Université Houphouët Boigny, Cocody Abidjan), Baptiste Mollard (Université Versailles Saint-Quentin / CESDIP UMR 8183), Laure Piguet (Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Université de Genève/ DEVSOC UMR 201), Léa Renard (Freie Universität Berlin / Centre Marc Bloch)

Cet axe a pour objet l’étude des tentatives d’élaboration d’un savoir chiffré sur le travail en situation coloniale à partir d’un vaste corpus d’archives (fonds des administrations coloniales locales, centrales et d’organisations internationales), centrée sur les outils utilisés pour mesurer le travail, les catégories employées et les acteurs impliqués. Trois pistes de réflexion : la production de chiffres sur le travail comme mise en scène de l’effectivité du pouvoir de l’administration coloniale, les usages des statistiques coloniales entre répartition de la main-d’œuvre et légitimation du projet colonial, et l’analyse des nomenclatures utilisées pour classer activités et travailleurs, avec notamment le rôle des catégorisations qui enferment les populations colonisées dans leur statut sur le marché du travail et dans des classifications raciales ou de genre. Compte tenu du volume des sources et de leur dispersion et pour prendre en compte les jeux d’échelles (locale, fédérale, internationale), le travail sera centré sur trois terrains : l’Algérie, l’AOF et l’OIT. Il s’agira à chaque étape – grâce à la tenue d’un atelier de travail commun et régulier – de mettre en avant les circulations (de savoirs, de modèles) entre les acteurs de ces différents terrains.

Compter aux colonies. Production et usages de données chiffrées par les milieux économiques
Coordonné par Xavier Daumalin (Aix-Marseille Université / TELEMMe UMR 7303)
Équipe : Fabien Bartolotti (Aix-Marseille Université / TELEMMe UMR 7303), Antoine Fabre (Université Paris Dauphine / DRM UMR 7088), Pierre Labardin (Université Paris Dauphine / DRM 7088).

Cet axe vise à questionner la production et les usages des données chiffrées par les milieux économiques impliqués en Afrique colonisée (enquêtes commerciales, documents comptables, articles de la presse économique ou d’institutions proches du patronat comme les instituts coloniaux). L’analyse sérielle des données comptables produites par les sociétés concessionnaires impliquées dans l’exploitation du caoutchouc et des phosphates (l’exploitation forestière et l’extraction minière) et pour lesquelles il existe une abondante production d’archives généralement bien conservées sera également menée. L’approche sera complétée et élargie par l’analyse des données transmises à l’État. Sans prétendre à l’exhaustivité, difficile à atteindre dans un champ encore peu défriché, l’axe propose un éclairage à deux niveaux complémentaires mêlant historiens et spécialistes des sciences de gestion. »


Page créée le lundi 3 juin 2024, par Webmestre.


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