Appel
Date limite de soumission : vendredi 28 février 2025
Depuis 2023, et après avoir organisé une première journée exploratoire, le projet PIOMIG « Pionniers et pionnières des migrations globales (XVIe‑XXIe siècle) étudie les phénomènes migratoires dits « pionniers », qui se situent en amont et en marge des grands courants migratoires déjà bien identifiés dans la littérature scientifique.
Avec le soutien de la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société – Sud-Est (MSHS-SE) et de l’Institut Convergences Migrations (ICM)
Né d’une réflexion collective autour de la notion de « migrations pionnières » et de la discussion de deux articles, l’un programmatique envisageant les contours, l’intérêt et les limites de cette notion (Oliver Bakewell, Hein de Haas, Agnieszka Kubal, 2011), l’autre explorant l’idée même de « premier émigrant » à partir du cas suédois (Hägerstrand, 1957), le colloque propose de placer la focale sur des phénomènes migratoires « pionniers », « exploratoires », « minoritaires » ou « marginaux » qui ont pour caractéristique commune de s’être déployés en amont et en marge des grands courants migratoires déjà bien identifiés dans la littérature scientifique. Cet angle d’approche paraît, en effet, pertinent pour dépasser deux des principaux biais structurels des études migratoires en sciences sociales, qui sont plus particulièrement sensibles dans l’historiographie française : d’une part le déséquilibre entre l’attention portée aux points d’arrivée des flux migratoires plutôt qu’à leurs points de départ et aux raisons qui ont suscité ces départs et, d’autre part, la focalisation des recherches sur les grandes « vagues migratoires » (migrations européennes des années 1880-1920, migrations post-coloniales des années 1960, crise migratoire actuelle), plutôt que sur des phénomènes plus modestes ou marginaux, dont l’invisibilisation a encore été renforcée par de telles logiques de recherche.
L’objet de notre proposition consiste précisément à relire à l’aune de ces terrains peu explorés des études migratoires, car portant sur des communautés jugées secondaires ou peu significatives, les principales hypothèses macro et méso-analytiques formulées à partir de l’observation des grands courants d’émigration (facteurs push and pull, logiques de « filières », de « diasporas » et de « réseaux », régulations politiques des flux migratoires). En questionnant des expériences migratoires qui se sont déroulées en dehors des sentiers battus, nous souhaitons interroger dans une perspective renouvelée les questions de l’agency des migrants et des migrantes, de leurs logiques de décision et des ressources qu’ils ou qu’elles peuvent mobiliser pour concevoir et mettre en œuvre leurs projets migratoires dans des contextes que l’on peut supposer plus incertains, risqués ou aventureux. Il s’agira aussi, chemin faisant, de mettre en lumière des itinéraires migratoires singuliers, connectant des espaces de départ, de transit et d’accueil encore peu étudiés.
Pour ce faire, le colloque propose de mener la réflexion dans un cadre délimité par les deux postulats qui ont déterminé la démarche du programme dès son origine. D’une part, nous souhaitons permettre le dialogue entre une grande diversité de contributions, en les soumettant à un questionnaire unifié et cohérent qui permettra une analyse comparative des données empiriques collectées. Ce questionnaire repose sur trois interrogations principales : cerner le profil social – le genre, l’origine géographique, le milieu socio-culturel – des individus qui migrent « en dehors des sentiers battus » ; identifier les ressources institutionnelles, économiques, sociales, culturelles et cognitives qu’ils peuvent mobiliser pour définir et mettre en œuvre leurs projets ; et questionner, enfin, la dynamique historique des phénomènes observés pour déterminer s’ils ont évolué vers la formation de filières et de courants migratoires plus massifs ou s’ils sont au contraire demeurés à l’état embryonnaire. Pour répondre à ces interrogations, les deux démarches méthodologiques traditionnellement utilisées dans les études migratoires peuvent être mobilisées : la démarche micro-analytique reposant sur la collecte de témoignages narratifs de migrants et de migrantes (sources écrites du for privé pour les historiens et les historiennes, récits littéraires et entretiens oraux pour les chercheurs et les chercheuses en sciences sociales) ; la démarche macro-analytique reposant sur l’exploitation de sources statistiques ou institutionnelles. D’autre part, nous avons fait le choix de centrer nos observations et nos discussions autour d’un terrain strictement délimité : celui du siècle qui a précédé, entre 1750 et 1850, les « grandes migrations » européennes de la seconde moitié du XIXe siècle. Ce siècle qui coïncide avec l’Imperial Meridian, a en effet été identifié par ailleurs dans la littérature historique comme une période marquée par l’ouverture de « nouveaux horizons migratoires » pour des Européens et Européennes qui étaient, jusque-là, soit privé·es de la possibilité d’émigrer hors d’Europe, soit qui ne pouvaient le faire que dans des contextes « privilégiés » ou « contraints » - deux notions qui mériteront également d’être discutées et précisées.
Dès lors, il conviendra de s’interroger plus particulièrement sur les points suivants :
l’appréhension que les Européens et les Européennes de l’époque avaient des nouvelles opportunités nées du démantèlement des premiers empires coloniaux américains et de l’émergence de nouvelles possibilités migratoires vers l’Afrique ou l’Asie
les profils des individus qui les premières ou les premiers se lancèrent dans ces nouvelles aventures migratoires
les connaissances, les réseaux et les supports institutionnels qu’ils pouvaient mobiliser pour les seconder dans la préparation de leurs projets
la diversité des motivations pesant sur les candidats et les candidates à la migration, qu’elles soient d’ordre strictement personnel et familial, économique (recherche d’un travail ou de perspectives d’amélioration de sa condition sociale) ou politique (fuite de persécutions religieuses et politiques) ou, plus sûrement, qu’elles résultent de combinaisons articulant plusieurs de ces facteurs dans la détermination d’« auspices » favorables à la migration (Rosental, 1999).
la question de la gouvernance des migrations, mise en œuvre par des pouvoirs souverains (États, empires, collectivités) qui constitue un cadre, qui peut être incitatif ou restrictif, mais qui était rarement neutre et avec lequel les migrant·es devaient donc compter dans réalisation de leur projet
enfin, le rapport entre les expériences « pionnières » ainsi mises en évidence et les flux migratoires plus massifs qui existaient déjà, ou commençaient à se structurer, à cette époque et au cours des décennies suivantes et, plus précisément, la question de l’attitude adoptée par les pionniers et pionnières vis-à-vis du déploiement de ces flux
Si l’objet et les terrains envisagés par le colloque sont volontairement ciblés d’un point de vue chronologique, le comité scientifique accueillera également très favorablement toute contribution portant sur une autre époque ou d’autres communautés de migrant·e·s, y compris des travaux de sciences sociales éclairant des expériences très contemporaines, chaque fois que ces travaux seront susceptibles de nourrir, dans une démarche comparative, la réflexion sur les notions et les questionnements mis en avant par le colloque.
Modalités de soumission
Les langues véhiculaires du colloque seront le français, l’anglais, l’espagnol et l’italien. Pour permettre une plus grande fluidité des échanges, il sera demandé aux participants et aux participantes de remettre le texte de leur présentation 15 jours avant la date du colloque.
Les propositions comprendront obligatoirement un résumé de la communication précisant le terrain exploré, les principales sources mobilisées ainsi que les principales hypothèses abordées (1 à 2 pages), ainsi qu’un CV (deux pages maximum). Elles devront être adressées à Arnaud.BARTOLOMEI chez univ-cotedazur.fr et Valerie.PIETRI chez univ-cotedazur.fr avant le 28 février 2025
Le comité scientifique se réunira dans la première quinzaine du mois de mars 2025 et informera aussitôt les candidats de l’acceptation ou non de leurs propositions.
À l’issue du colloque, le comité scientifique se réunira de nouveau pour délibérer sur l’opportunité de publier les actes et, le cas échéant, sur la forme de cette publication.
Conditions et frais de déplacement
Le colloque se tiendra à la Maison des Sciences Humaines et Sociales – Sud-Est (Nice) les 4, 5 et 6 décembre 2025. Il bénéficie du soutien de l’Institut Convergences Migrations et des structures de l’Université Côte d’Azur impliquées dans son organisation (Maison des Sciences de l’Homme et de la Société – Sud-Est, Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine, URMIS, EUR ODYSSEE, Académie 5 de l’IDEX UCAJEDI), ce qui permettra la prise en charge systématique des frais de séjour à Nice des participants et des participantes au colloque. Sur demande, les déplacements des participants et des participantes ne disposant pas d’un soutien académique, pourront également être pris en charge.
Comité scientifique
Eleonora Angella (Università per Stranieri di Siena)
Arnaud Bartolomei (Université Côte d’Azur, CMMC)
Thibault Bechini (Ecole française de Rome)
Vanina Benci (Université Côte d’Azur, CMMC/Urmis)
Laurent Dornel (Université de Pau et Pays de l’Adour, ITEM)
Delphine Diaz (Université de Reims Champagne-Ardennes, CERHIC)
Pierre Force (Columbia University)
Marvin Gonzalez (Université Côte d’Azur, CMMC)
Xavier Huetz de Lemps (Université Côte d’Azur, CMMC)
Jeanne Moisand (Université Paris I-Panthéon Sorbonne, CRALMI-Mondes Américains)
Valérie Pietri (Université Côte d’Azur, URMIS)
Philippe Rygiel (ENS-Lyon, LARHA)
Romy Sanchez (CNRS, IRHIS)
Soazig Villerbu (Université de Limoges, CRIHAM)
Colloque
Du 4 au 6 décembre 2025 (Maison des Sciences Humaines et Sociales – Sud-Est (Nice))
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