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Appel
Date limite de soumission : vendredi 31 mars 2023
Directeur·ices scientifiques : Didier Galibert (LAM Sciences Po Bordeaux) et Claire Kaczmarek (CREHS, IEFR, Université d’Artois)
Les pratiques missionnaires seront appréhendées à partir de trois situations possibles :
Esclaves des colonies européennes : voir dans quelle mesure les missionnaires, à partir de leur expérience, participent, influencent les controverses ou sont influencés ; modes d’interventions sur les habitations (« missions des Noirs ») ; initiatives d’émancipation progressive (Mana en Guyane française par exemple) ; engagement en vue de l’abolition immédiate et sans condition. On n’apportera rien de très nouveau sur ces aspects mais cela peut permettre une comparaison entre missionnaires catholiques et protestants.
Esclaves liés à la traite « arabe » : si la dénonciation est unanime, sous quelle forme les missionnaires participent-ils à la lutte contre les traitants « arabes » ; actions de libération par rachat ou aide aux captifs ; villages dits de liberté. Là encore, vu l’abondante littérature, l’objectif serait surtout de comparer.
Esclaves dans les autres territoires non colonisés : face aux pouvoirs locaux, dilemme de la dénonciation (au risque de condamner la mission) / résignation (au prix d’un reniement majeur), situations de malentendu opératoire. Ce champ est moins documenté.
Les choses se compliquent après les abolitions avec de nouvelles formes de déplacements forcés de travailleurs : engagisme, coolie trade, blackbirding. Mais on ne peut pas prétendre aborder toutes les formes de servitude post-abolition. Il paraît raisonnable de choisir parmi :
Les esclaves « domestiques » et « indigènes » : sont-ils une cible privilégiée, voire une priorité de la mission, dès lors que l’abolition triomphe, et dans quel but ? Quel est le statut des domestiques dans les missions ?
Les engagés sous contrat, pour une durée déterminée. Ils sont censés avoir donné leur consentement, mais relèvent souvent d’une traite déguisée et subissent des conditions de vie qui limitent strictement leur liberté individuelle. Les Indiens sont les plus étudiés mais l’Afrique, Madagascar, le Vietnam, la Chine (surtout vers l’Amérique du sud : Pérou) ont aussi été l’objet de ces trafics, avec pour les Africains le recours très contesté au rachat préalable. Or on sait peu de choses sur l’attitude des missionnaires face à ce commerce pourtant très vite accusé d’être une crypto-traite. On n’en sait guère davantage sur les initiatives des missionnaires pour protéger, aider, émanciper, convertir ces populations au sein des plantations.
Les travailleurs déplacés, voire razziés, au service des économies coloniales. Il ne s’agit pas tant de s’arrêter sur le travail forcé (ce serait trop vaste et ambitieux) que sur la manière dont les missions agissent pour faciliter, critiquer ou encadrer des déplacements de population en vue de la mise en valeur d’une région (Office du Niger ou Cambodge ; Tamouls au Sri Lanka). Y sont-ils attentifs ? Que font-ils ?
On pourrait aussi inclure les populations transférées dans les métropoles pendant les deux guerres mondiales pour cultiver (riz de Camargue), travailler dans les usines. Des missionnaires semblent avoir joué un rôle pour convaincre des « indigènes » catholiques. Ont-ils participé aux recrutements de travailleurs dans les pays de départ ?
Cadre chronologique
Il convient de borner cet immense sujet. Le choix de l’Assemblée générale du CREDIC s’est porté sur une périodisation débutant par la concomitance du grand essor de l’abolitionnisme européen et de l’implication missionnaire dans une variété de sociétés esclavagistes non-européennes : missionnaires et sociétés de planteurs (Amériques, Océan Indien, Australie, Fidji), missionnaires et esclavage en Afrique et à Madagascar. La période enchaîne sur l’engagisme et le travail forcé en situation coloniale. Elle s’achève avec la fin de l’indigénat et du travail contraint (cas particulier de l’empire colonial portugais).
Conceptualisation
Nous éviterons résolument un énième débat sur la position institutionnelle des Églises face à l’esclavage. Ce qui sera traité, c’est la confrontation - ou la cohabitation - concrète avec l’esclavage. Que savent les missionnaires de leur environnement esclavagiste ? Comment l’apprennent-ils ? Comment se positionnent-ils ? Comment agissent-ils - ou pas ? Mêmes questionnements à propos de l’engagisme et des formes coloniales du travail forcé. Affrontements, médiations, malentendus ?
Sans ignorer les prises de position des Églises occidentales face à l’esclavage – sujet déjà largement abordé par d’autres colloques – celui du CREDIC entend s’attacher aux études de terrain. Comment se positionnent et pratiquent les congrégations et sociétés missionnaires pour combattre l’esclavage ou s’en accommoder ? Une différence existe-t-elle entre les conceptions et les pratiques catholiques et protestantes, à l’intérieur même des confessions (par ex. l’opposition entre réformés boers et missionnaires anglicans et protestants en Afrique du Sud) et selon les régions du monde ?
Si l’abolition de l’esclavage est l’un des fruits des Lumières, et si la colonisation se présente comme une alternative à l’esclavage, celui-ci se poursuit pendant la période coloniale sous de nouvelles formes : travail forcé, déplacement de personnes, code de l’indigénat, etc. Comment les congrégations et sociétés missionnaires comprennent-elles, s’adaptent-elles à ces évolutions ?
Langues de travail : français et anglais
Modalités de contributions
Les propositions de communication (accompagnées d’une courte notice biographique et d’un résumé) seront envoyées à Didier Galibert galibertdidier chez orange.fr et Claire Kaczmarek claire.kaczmarek chez univ-artois.fr avant le 31 mars 2023
Colloque
Du 28 au 31 août 2023 (Maison Diocésaine et Université d’Artois (CREHS et IEFR))
43e colloque du Centre de Recherche et d’Échanges sur la Diffusion et l’Inculturation du Christianisme (CREDIC), Arras, Maison Diocésaine et Université d’Artois (CREHS et IEFR),
Direction scientifique : Didier Gablibert et Claire Kaczmarek
Lundi 28 août Maison diocésaine
Mise en place du colloque
Dès 17h Installation des participants qui logent sur place
19h00 Dîner
20h30 Accueil par Didier Galibert, président du CA du CREDIC,
Informations pratiques,
Présentation des participants et du déroulement du colloque
Mardi 29 août Maison diocésaine
8h30-9h00 Accueil des participants non résidentiels
Circulations et réseaux
9h00-9h35 « L’Évangile c’est la liberté ! » : Jean-Pierre Moussa (1815-1860), la trajectoire d’un prêtre afro-européen en quête de la liberté, Par Giacomo Ghedini (ERC Slave Voices, Centre d’histoire de Sciences Po Paris)
9h35-10h10 „With the most reluctance ?” : Anglican missionaries and enslavement in the early nineteenth-century Caribbean, Par Alice Kinghorn (Université de Bristol)
Pause café
10h25-11h00 Perspectives of missionary anti-slavery discourses in the colonial context — A look into the reflections and experiences of Daniele Comboni and Charles Martial Lavigerie (1871-1914), Par Patricia Teixeira Santos (Université fédérale de São Paulo)
11h00-11h35 Le Saint-Siège, les missions catholiques et la lutte antiesclavagiste (1890-1940), Par Élisabeth Bruyère (Academia Belgica – Rome)
12h30 : pause déjeuner
14h00-14h35 The Marists, Joubert and new forms of slavery in the Pacific : trans-imperial connections and collaborations, Par Karin Speedy (Université d’Adélaïde)
14h35-15h10 Coolies chrétiens à Fuzhou. Dominicains espagnols et méthodistes américains aux prises avec l’engagement sous contrat des Chinois dans un port ouvert de la Chine méridionale au début du XXe siècle, Par Éric Guérassimoff (Université Paris Cité)
Pause café
15h25-16h00 L’« option pour la cause indigène » : Kikuju, missionnaires de la Consolata et Macuxi », Par Melvina Araujo (Université fédérale de São Paulo)
19h15 : dîner
20h00 : Assemblée générale
Mercredi 30 août Université d’Artois, Maison de la recherche
Villages, refuges et médiations
9h00-9h35 Anne-Marie Javouhey, un hapax de l’abolitionnisme ?, Par Pascale Cornuel (docteure en histoire)
9h35-10h10 Esclavage, engagisme, missionnaires et religions en Guinée espagnole (XIXe siècle-début XXe siècle), Par Valérie de Wulf (docteure EHESS, archiviste aux Archives nationales)
Pause café
10h25-11h00 Les Pères Blancs et la Société Antiesclavagiste de France en Afrique du Nord dans les années 1880-1890, Par Inès Mrad Dali (Université de Tunis)
11h00-11h35 Les Pères Blancs face à l’esclavage à Zaza de 1900 à 1906, Par Guy Theunis (Maison généralice des Missionnaires d’Afrique, Rome / Institut international Lumen Vitae, Bruxelles)
11h35-12h10 Analyse de la contribution du Père Bocquéné de la Mission norvégienne de Mayo-Darlé dans la lutte contre la traite, l’esclavage et les servitudes coloniales dans le Lamidat de Banyo (Nord-Cameroun), Par Sylvain MBOHOU (Université de Dschang, Ouest-Cameroun)
12h30 déjeuner-buffet
14h00 départ pour la visite du Louvre-Lens (train et bus public)
20h00 Dîner à Arras
Jeudi 31 août Université d’Artois, Maison de la recherche
Émancipation, travail et capitaux : quelle liberté ?
9h00-9h35 L’institution ecclésiastique face à l’abolition de l’esclavage en Colombie : une revue historiographique et une contribution à la discussion à partir de sources primaires (1850-1852), Par William Elvis Plata Quezada (Université industrielle de Santander, Bucaramanga)
9h35-10h10 Autorités coloniales françaises et Église catholique au Cameroun : approche analytique d’une conception ambivalente du travail forcé (1917-1944), Par Jean-Pierre Tsango Boko (Université de Douala)
10h10-10h45 Tensions et conflictualités en terre de mission : le combat des missionnaires catholiques et protestants contre le travail forcé au Cameroun sous administration française (1922-1948), Par Emmanuel Tchumtchoua (Université de Douala)
Pause café
Solidarités, subalternités ? Anciens esclaves dans l’action missionnaire
11h00-11h35 L’obéissance aux missionnaires du Saint-Esprit : donner sa jeunesse pour l’évangélisation des abords de la Côte Swahilie (1863-1880), Par Vincent Verbrugge (directeur honoraire des musées régionaux de Flandre Occidentale)
11h35-12h10 L’œuvre protestante des esclaves fugitifs de Saint-Louis du Sénégal (1879-1909), Par Jean-François Zorn (Centre Maurice Leenhardt de Recherche en Missiologie, Institut Protestant de Théologie, Montpellier)
Synthèse finale : 30 mn… et déjeuner-buffet
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