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Colloque
Du 18 au 20 septembre 2019 (Nantes)
Le colloque se déroulera en deux temps :
1/ Question raciale et question coloniale dans les courants progressistes du premier XIXe siècle (18 et 19 septembre 2019)
Ce colloque part d’un double constat que l’historiographie a contribué récemment à mettre en avant. D’une part, l’importance jouée par divers groupes progressistes ou réformateurs, critiques des hiérarchies et des statuts fixes de l’Ancien régime, soucieux de promouvoir une société fondée sur les capacités naturelles, l’industrie ou le mérite, dans la problématisation de la question des races humaines dans le premier XIXe siècle. Qu’il s’agisse de libéraux, de républicains ou de personnes inspirées par les mouvements d’organisation sociale, saint-simoniens ou socialistes, tous ont joué un rôle considérable dans la mobilisation de la question raciale en politique et en économie. Ce rôle, complexe, mérite d’être étudié et pris au sérieux, en analysant les tensions ou les rapports qui existent entre la promotion d’une société orientée vers l’égalité des droits, voire vers l’égalité sociale, et les réflexions portant sur les inégalités naturelles entre races ; entre des doctrines résolument critiques de l’esclavage, promouvant soit le libéralisme économique, soit des modes d’organisation du travail, et la prise en compte des capacités ou des aptitudes raciales distinctes. L’objectif premier de cette journée consistera donc à faire le point sur ces enjeux, dans une perspective transatlantique, à travers tant un examen des doctrines que des pratiques ou des projets politiques elles ont peu donner lieu.
D’autre part, l’historiographie récente a contribué à mettre en avant le rôle joué par ces mêmes groupes, depuis la fin du XVIIIe siècle, pour repenser le système colonial et promouvoir des formes de colonisations nouvelles, fondées sur la mise en valeur des territoires, l’ouverture de nouveaux débouchés, la mise en activité des capitaux, des terres et des hommes, et des rapports de travail non-esclavagistes. On peut songer tant aux projets de colonisation de l’Afrique portés par la seconde Société des Amis des Noirs qu’aux diverses utopies d’inspiration fouriéristes ou saint-simoniennes en Amérique du Sud ou en Afrique du Nord, ou encore aux nombreuses réflexions socialistes ou républicaines visant à orienter la nouvelle colonisation de l’Algérie dans les années 1830-1840. Il s’agira donc de réfléchir à la manière dont ces projets s’inscrivent dans les réflexions économiques et politiques plus larges de ces différents courants et, le cas échéant, comment la question raciale proprement dite s’y articule.
En théorie sociale, la citoyenneté se situe exclusivement à l’intérieur du site de l’État et l’historicité du concept de citoyenneté est étroitement liée à l’historicité du concept d’État-nation. Cela implique, d’une part, une rupture avec les périodes antérieures où l’"appartenance" se situait le plus souvent dans la doctrine de l’allégeance, c’est-à-dire la notion de subjectivité ; d’autre part, en se focalisant trop sur ses aspects normatifs, elle ignore la dimension sociale de la citoyenneté. En fait, la citoyenneté ne peut être réduite à une relation directe d’un individu avec l’État, sans qu’une autre affiliation n’intervienne. Depuis ses débuts jusqu’à nos jours, la citoyenneté a toujours eu un contenu culturel : il s’est toujours posé la question de savoir quelle sorte de personnes étaient "dedans" et quelle sorte "dehors". Pourtant, l’idée de la relation d’un individu à l’État, sans autre affiliation, a toujours été une forme de revendication et non une essence de la citoyenneté, et les débats sur la relation de la citoyenneté à d’autres formes d’affinités sociales se poursuivent depuis longtemps au sein des collectivités de citoyens.
2/ Citoyenneté et résidence (20 septembre 2019)
Nous avons cherché à réunir un groupe interdisciplinaire de chercheurs travaillant dans les domaines de l’histoire coloniale, de l’histoire juridique et des études sur la citoyenneté pour explorer la construction de la citoyenneté dans les contextes coloniaux et postcoloniaux. Cette perspective coloniale et impériale permet de rompre l’association naturalisée entre citoyenneté et nation pour identifier des modes d’appartenance ou d’allégeances investies dans des collectivités et des formes organisationnelles infra-étatiques, comme les villes ou les groupes ethniques, ou supra-étatiques. L’historiographie des empires modernes et contemporains a démontré que ces formations politiques multicommunautaires ont créé des catégories d’appartenance segmentées qui définissaient un accès différentiel aux droits, renforçant l’inégalité entre ses différentes unités constituantes. A travers l’analyse de diverses expériences, du XVIe au XXe siècle, la journée vise à examiner les statuts des personnes vivant dans des contextes coloniaux et postcoloniaux destinés à assurer l’hétérogénéité des régimes de citoyenneté.
Cette conférence invite les chercheurs à réfléchir sur les thèmes ou les pistes de recherche suivants :
l’étude de la citoyenneté comme un processus plutôt qu’un statut qui garantirait certains droits et privilèges ;
l’enchevêtrement entre la dimension verticale de la citoyenneté (soumission à un roi ou à un État impérial) et ses liens horizontaux (intégration dans une communauté) ;
la pertinence de l’expérience coloniale pour définir la citoyenneté dans les métropoles européennes.
Lieu : MSH Angé Guépin - 5 allée Jacques Berque - Nantes
Partenaire : CITER, Alliance Europa, CRHIA, Université de Nantes, EHESS, Institut des Mondes Américains, Université Paris Diderot 7
Contact : crhia chez univ-nantes.fr
Page créée le mardi 3 septembre 2019, par Dominique Taurisson-Mouret.