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Séminaire organisé par Beth Epstein (NYU) et Carole Reynaud Paligot – NYU, Centre d’histoire du XIXe Paris1-Paris4 - en collaboration avec Ann Thomson (Université de Paris 8)
Les séances ont lieu de 17h à 19h à New York University 56 rue de Passy, 75016 Paris (Métro : La Muette ou Passy
http://nyufresearch.wordpress.com/
PRESENTATION
Le discours scientifique autour de la notion de race qui émerge dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, s’est développé au siècle suivant et a donné lieu, au XXe siècle, aux dramatiques usages politiques que l’on connaît. A l’ère contemporain de la globalisation ces discours s’avèrent résilients, occupant des brèches ouvertes par les brassages, déplacements, et transformations radicales du monde actuel. C’est donc dans une perspective de longue durée mais aussi dans un cadre transnational que son étude nous semble devoir être entreprise. Car dès les origines, et plus encore au siècle de son institutionnalisation scientifique, la construction de ces pensées s’est déroulée dans un cadre international, même si leurs usages politiques ont bien souvent eu un cadre national et une dimension nationaliste.
Loin de concevoir cette histoire comme linéaire, ce séminaire entend étudier toute la complexité des pensées raciales tant au moment de leur élaboration, de leur diffusion, de leur réception qu’au niveau des usages politiques auxquelles elles ont donné lieu. Il s’agira de rendre tout son historicité à la notion de race, une notion éminemment flexible et polysémique, de cerner sa plasticité, la variété des usages auxquels elle a donné lieu en fonction des différents contextes historiques, ainsi que ses nouvelles apparitions. Car même si d’une certaine façon les catastrophes du XXe siècle ont rendu la notion de race impensable, elle continue à structurer les pensées et la politique dans un monde où les frontières d’antan deviennent de plus en plus fluides. Comment résoudre ces tendances apparemment contradictoires ? Et comment cerner la permanence de ces structures idéologiques qui ont si fortement façonné le monde moderne ?
Cela nous semble devoir passer par des études socio-historiques précises du passé comme du monde contemporain, afin de produire une réflexion qui se nourrit des expériences diachroniques, du va et vient continuel entre histoire et mémoire, sujet également au sein des recherches sur les identités contemporaines. Notre regard porte sur les producteurs de ces représentations, leurs réceptions au sein des différents espaces intellectuels et sociaux et leurs usages politiques dans des régimes spécifiques avec en filigrane une interrogation sur l’utilité de ces représentations dans les différents contextes.
L’étude de la construction des identités collectives en terme raciaux dans l’espace occidental des années 1850-1940 seront au centre de cette histoire. Cependant, l’histoire des pensées raciales ne peut se réduire à la seule étude du champ scientifique, les autres champs (littéraires, artistiques…) ont contribué eux-aussi à faire de ces représentations raciales des paradigmes dominants au sein des sociétés occidentales. Le terme de « pensées raciales » rend ainsi compte de la pluralité des espaces intellectuels concernés mais aussi de la dimension idéologique du phénomène et donc des usages politiques auxquelles elles ont donné lieu (usages coloniaux, patriotiques, nationalistes, impérialistes…) ainsi que leur contribution à la construction des identités nationales et des mythes nationaux.
Ce séminaire entend créer un réseau de chercheurs qui de près ou de loin s’intéressent à cette thématique et laissera une grande place aux études de chercheurs étrangers afin d’inventorier les études existantes au sein d’espaces nationaux particuliers, de pointer les lacunes historiographiques mais aussi d’engager une véritable perspective comparatiste à travers l’espace et le temps.
PROGRAMME
Lundi 26 septembre 2011 :
Yerri Urban, Université Antilles-Guyane, « L’indigène et la race dans le droit colonial. XIXe-XXe siècle. »
Lundi 17 octobre :
Présentation du livre de Beth Epstein, NYU in France, « Collective Terms : Race, Culture, and Community in a State-Planned City in France », Berghahn Books, 2011. (horaires à préciser)
Lundi 14 Novembre :
Présentation du livre de Carole Reynaud-Paligot, (Centre histoire du XIXe Paris1-Paris4), « De l’Identité nationale. Science, race et politique en Europe et aux Etats-Unis, XIXe-XXe siècles », PUF, 2011.
Lundi 5 Décembre :
Eric Michaud, EHESS, « Les invasions barbares et la racialisation de l’histoire de l’art, 1800-1940 »
Lundi 16 Janvier 2012 :
Alice Conklin, Université d’Ohio, « Race as Social Myth : The Emergence of Scientific Anti-Racism in post-Vichy France »
Lundi 6 Février :
Loïc Wacquant, Université de Berkley, « Pratiques et politiques de racialisation sur les deux rives de l’Atlantique »
Lundi 5 mars :
Andrew Curran, Université de Weysland, « Buffon et l’histoire naturelle des Africains »
Lundi 2 avril :
Camille Hamidi, « Catégorisations ethniques ordinaires et rapport au politique dans les quartiers populaires ».
Lundi 21 Mai :
Richard Fogarty, University d’Albany, SUNY, « Race et Guerre, 1914-1918 : visions comparatives des sujets coloniaux dans l’armée française »
Lundi 4 Juin :
Vincent Vilmain, (EPHE-GSRL et Université de Lyon III), « Penser le judaïsme comme race ? Les Juifs face au défi du racialisme (1860-1920) »
Les invités du séminaire
Alice Conklin enseigne l’histoire à l’Université d’Ohio. Elle est l’auteur de A Mission to Civilize : The Republican Idea of Empire in France and West Africa (Stanford, 1997) et co-auteur, plus récemment de Modern France and its Empire, 1870 to the Present (Oxford 2010). Actuellement, elle termine un manuscrit sur l’histoire de l’ethnologie en France durant l’entre-deux-guerres intitulé In the Museum of Man : Ethnography, Racial Science, and Empire in France, 1920-1950 (à paraître, Cornnell).
Andrew Curran, ancien étudiant de NYU Paris, a consacré sa thèse de doctorat à Diderot. Il a publié Sublime Disorder : Physical Monstrosity in Diderot’s Universe Voltaire Foundation, University of Oxford, 2001 et The Anatomy of blackness : Science and Slavery in an Age of Enlightenment The Johns Hopkins University Press, 2011 ainsi que plusieurs articles sur les représentations en Afrique. Membre de l’Académie de médecine de New York (historien des sciences), il est actuellement Doyen de l’Université de Wesleyan où il enseigne.
Richard S. Fogarty enseigne l’histoire à l’Université de l’État de New York à Albany. Docteur en histoire de l’Université de Californie, Santa Barbara en 2002, il est l’auteur de Race and War in France : Colonial Subjects in the French Army, Johns Hopkins University Press, 2008 ; “Race and Sex, Fear and Loathing in France during the Great War,” Historical Reflections/Réflexions Historiques 34, 1 (Spring 2008), 50-72 ; “Race and Empire in French Posters of the Great War,” in Pearl James, ed., Picture This : World War I Posters and Visual Culture (University of Nebraska Press, 2009) ; et plusieurs autres articles sur l’histoire de la colonisation, le racisme, et la Grande Guerre en France. Actuellement, il travaille sur les soldats nord-africains prisonniers de guerre en Allemagne pendant la Grande Guerre.
Camille Hamidi est maître de conférences en sciences politiques à l’Université Lumière Lyon 2, membre du laboratoire Triangle, et actuellement Visiting Fellow au Munda de Ginzburg Center for European Studies à Harvard University. Elle travaille sur les associations et la société civile ; les processus de socialisation politique et de politisation ; l’action collective, le comportement politique et la mobilisation des populations issues de l’immigration. Elle est auteur notamment de La Société civile dans les cités. Engagement associatif et politisation dans des associations de quartier Editions Economica, 2010
Eric Michaud, directeur d’études à l’EHESS, a notamment publié Histoire de l’art : une discipline à ses frontières (Paris, Hazan, 2005), Fabriques de l’homme nouveau, de Léger à Mondrian (Paris, Carré, 1997), Un art de l’éternité. L’image et le temps du national-socialisme (Paris, Gallimard, 1996), La fin du salut par l’image (Nîmes, Jacqueline Chambon, 1992), Hypnoses (avec M. Borch-Jacobsen et J.-L. Nancy), Paris, Galilée, 1984, Théâtre au Bauhaus, 1919-1929, Lausanne, L’Age d’Homme, 1978.
Yerri Urban est maître de conférences en droit public à l’Université des Antilles et de la Guyane (CRPLC). Sa thèse, L’indigène dans le droit colonial français (1865-1955) (Paris, LGDJ/Fondation Varenne, 2010) retrace l’histoire du droit de la nationalité des indigènes du second Empire colonial, notamment quant à son articulation avec la notion de race. Ses recherches les plus récentes portent sur l’expédition d’Egypte.
Vincent Vilmain est agrégé d’histoire, ATER à l’université Jean-Moulin-Lyon III et chercheur au GRSL, laboratoire rattaché à l’EPHE où il achève son doctorat intitulé « Féministes et nationalistes ? Les femmes juives dans le sionisme politique ». Ses autres champs de recherche concernent la question des minorités, l’histoire du conflit israélo-palestinien et celle de la pensée raciale. Sur ce dernier thème, il a notamment cosigné le Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations chez Larousse.
Loïc Wacquant est professeur à l’Université de Californie, Berkeley, et chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique, Paris. Ses travaux, qui portent sur la marginalité urbaine, la domination ethnoraciale, l’État pénal, la politique de la raison et la théorie sociologique, sont traduits en une vingtaine de langues. Ses ouvrages récents comprennent Parias urbains. Ghetto, banlieues, État (2006), Punishing the Poor : The Neoliberal Government of Social Insecurity (2009), Les Prisons de la misère (édition augmentée, 2011), et Les Deux visages du ghetto (à paraître début 2012 chez La Découverte).
Contact
Carole Reynaud-Paligot, courriel : c.reynaud [tiret] paligot (at) orange [point] fr
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Page créée le jeudi 22 septembre 2011, par Dominique Taurisson-Mouret.