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Appel
Date limite de soumission : mercredi 24 août 2022
Coordination scientifique : Crépy Maël (Membre scientifique IFAO, UMR5133 Archéorient) et Gagnol Laurent (Maître de conférences Université d’Artois, UR 2468 Discontinuités)
Trop se focaliser sur les invariances et les survivances pourrait conduire à négliger le caractère pluriel et surtout très dynamique des réalités géographiques sahariennes. À tout point de vue, on observe une recomposition continuelle des milieux, des paysages et des populations, aussi bien de leurs activités agro-pastorales et extractives, des conflits, de la gestion des mobilités et de la gouvernance de ces territoires aux confins des États, etc. Le Sahara apparaît donc très nettement comme un espace à étudier en lui-même et en continuité avec ses rivages sahéliens et méditerranéens, pour ce qu’il apporte quant à la lecture du passé (les paléoenvironnements et les variations climatiques ou les systèmes de mobilités commerciales à longue distance par exemple), mais aussi pour comprendre l’évolution de notre monde contemporain par une de ses marges emblématiques.
Néanmoins, c’est aussi pour les chercheurs l’une des régions au monde la plus difficile d’accès, en partie pour des facteurs qui conduisent à la richesse des questionnements scientifiques mentionnés précédemment : climat et conditions environnementales qui impliquent des logistiques complexes, insécurités et conflits géopolitiques, restrictions administratives faites aux chercheurs étrangers de se rendre dans ces régions considérées à risque. Malgré toutes ces difficultés, la recherche géographique sur le Sahara reste dynamique. Espace désertique souvent considéré comme « vide », le Sahara offre des problématiques et des enjeux forts et sans cesse renouvelés : désertification, gestion des ressources et ruée vers l’or, migration et contrebande, question frontalière, etc.
Pour continuer à faire des recherches sur le Sahara, les méthodes empiriques « traditionnelles » (notamment l’enquête sur le terrain) ont dû nécessairement être adaptées. Déjà fonctionnelles pour certaines, alors que d’autres sont à initier ou à inventer, de nouvelles combinaisons de sources et d’analyses peuvent être un recours permettant de pallier l’absence d’analyse directe sur le terrain et même de faire émerger des approches innovantes. La relecture attentive des récits de voyage et d’exploration, l’analyse de l’imagerie satellitaire en accès libre et de haute résolution et l’intelligence artificielle, les dispositifs d’enquêtes indirectes, le travail à partir d’images filmées et des réseaux sociaux, etc. constituent autant d’éléments d’innovations méthodologiques qui renouvellent l’analyse des géographies sahariennes.
À l’heure de l’anthropocène, qu’est-ce qu’habiter, exploiter et circuler aux marges de l’écoumène peut nous apprendre aujourd’hui ? Ce numéro propose ainsi d’envisager les géographies sahariennes de façon très large et réflexive, aussi bien du point de vue spatial (de l’océan Atlantique à la mer Rouge) que du point de vue thématique (urbaines, rurales, géopolitiques, socio-anthropologiques, économiques, environnementales, etc.), ainsi que des temporalités d’analyse : d’actualité aussi bien que de moyenne durée/longue durée en intégrant les aspects géohistoriques et géoarchéologiques. Les autres disciplines qui s’intéressent à la dimension spatiale et environnementale ou qui mobilisent des approches géographiques sont également incitées à participer à ce numéro transdisciplinaire. Les jeunes chercheurs sont particulièrement conviés à faire connaître leurs approches tandis que les chercheurs confirmés sont invités à rendre compte de l’évolution des thématiques et des conditions de recherche au Sahara.
Trois axes sont proposés : les mémoires, les mutations, les marginalités et centralités sahariennes. Les propositions peuvent ainsi, d’une part, envisager les géographies sahariennes à partir d’une part de la mémoire des paysages et des populations, en mettant en lumière les constantes, les formes de continuité et de résilience, et les évolutions lentes ou brusques dans la longue durée ; d’autre part, les contributions peuvent mettre l’accent sur les mutations en cours, les émergences et dynamiques actuelles, les lignes et les points de tension, de bascule et de bifurcation. Enfin, d’autres propositions peuvent articuler l’ambivalence des analyses, selon qu’elles considèrent le Sahara comme une périphérie nationale ou mondiale ou qu’elles adoptent un regard centré sur les enjeux sahariens afin de rendre compte de perspectives plus globales.
Modalités de soumission : envoyer un titre et un résumé (2000 caractères maximum) à laurent.gagnol chez univ-artois.fr, crepy.mc chez gmail.com et secretariat.ouestsaharien chez gmail.com avant le 10 septembre 2022.
Le rendu des textes est attendu pour le 20 décembre 2022. Les trois langues de publication sont le français, l’anglais et l’espagnol. Il est envisagé d’organiser un séminaire au cours du processus éditorial.
Comité éditorial
Marta Amico (Université de Rennes), Nadia Belalimat (CNRS), Yazid Benhounet (CNRS), Pierre Boilley (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Sébastien Boulay (Université Paris Descartes), Francesco Correale (CNRS), Abdel Wedoud Ould Cheikh (Université de Lorraine), Cristina Figueiredo (Université Paris Descartes), Charles Grémont (IRD), Olivier Leservoisier (Université Paris Descartes), Emmanuel Martinoli (Docteur en médecine), Abderrahmane Moussaoui (Université de Lyon 2), Catherine Taine-Cheikh (CNRS), Robert Vernet (IMRS), Mohamed Baba (Université Clermont Auvergne), Yahia Zoubir (Kedge Business School, Marseille), Olivier Schinz (Musée d’Ethnographie de Neuchâtel).
Bibliographie indicative
Afane A. et Gagnol L., 2021, « Une ruée vers l’or contemporaine au Sahara : l’extractivisme aurifère informel au nord du Niger », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, vol. 20, n°3, http://journals.openedition.org/vertigo/29044
Belalimat N., 2019, « Réseaux sociaux, nouveaux médias et territoires au Sahara », in Boulay S. et Fanchette S. (dir.), La question des échelles en sciences humaines et sociales, Versailles et Montpellier, Éditions Quae et IRD Éditions, pp. 123-140.
Bennafla K., 2013, « Illusion cartographique au Nord, barrière de sable à l’Est : les frontières mouvantes du Sahara occidental », L’Espace Politique, 20-2, http://journals.openedition.org/espacepolitique/2644
Bensaâd A. (dir.), 2011, L’eau et ses enjeux au Sahara. Karthala Editions.
Bisson J., 2003, Mythes et réalités d’un désert convoité. Le Sahara, L’Harmattan.
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