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Appel
Date limite de soumission : dimanche 15 mars 2020
Le Groupe d’Histoire des Forêts Françaises (GHFF), le Groupe d’Histoire des Zones Humides (GHZH) et le Comité National Français de Géographie (CNFG) poursuivent de manière synchrone et scientifiquement proche des objectifs scientifiques et opérationnels semblables, si ce ne sont les objets et les thèmes qui fondent leur attention : les forêts, les zones humides et les temporalités. L’idée est donc advenue d’une manifestation commune qui, outre la rencontre de l’arbre et de l’eau douce comme salée, favoriserait une réflexion croisée sur les trajectoires scientifiques et gestionnelles de ces milieux hybrides. Cette réflexion s’inscrit également dans la préparation du congrès de l’Union Géographique Internationale (UGI), sur la thématique du « Temps en géographie », à l’occasion de son centenaire organisé à Paris en juillet 2022. Les littoraux européens constituent un espace idoine pour accueillir et ensemencer cette rencontre dans la mesure où, plus que dans tout autre écosystème européen, les mosaïques des bois et des marais sont fréquentes, riches, anciennes et variées.
Fréquentes et variées, les forêts et les zones humides littorales forment de riches mosaïques produites, depuis au moins le Néolithique, par l’ensemble des interactions entre les processus naturels et les interventions des sociétés humaines, et plus généralement entre l’homme et la mer. Particulièrement mobiles, elles sont pourtant peu abordées de manière conjointe, les études cloisonnant les objets forêt et zones humides dans des compartiments scientifiques ou d’aménagement étanches, et encore plus rarement examinées en s’interrogeant sur les dynamiques fonctionnelles qui les unissent et sur leurs évolutions spatio-temporelles. Il s’ensuit une certaine méconnaissance de ces objets hybrides qui défient tout à la fois les écologues, les environnementalistes et les géohistoriens des milieux. L’objectif de ce colloque est donc de porter un nouveau regard sur les forêts et zones humides littorales, attentif aux interférences historiques entre êtres humains et nature. Au moment où l’haliotropisme et le changement climatique modifient et fragilisent considérablement ces espaces littoraux, ce regard vise à susciter une autre approche de la gestion durable de ces écocomplexes. Si les littoraux européens sont privilégiés, l’importance des transferts des modèles européens aux espaces qui furent ou qui sont encore soumis à son influence – l’assèchement des marais par les plantations arborées, notamment – conduit à s’ouvrir également aux littoraux ultra-marins et à ceux des anciennes colonies des pays de l’Europe de l’Ouest. De même, ne faudra-t-il pas négliger les transferts effectués en sens inverse, les modèles de gestion des rivages des pays du Sud ayant pu servir d’exemples pour l’Europe.
Ces mobilités et variabilités sont également à observer sous l’angle géohistorique, les littoraux ayant, depuis le Néolithique, connu une succession de modes d’appropriation et de valorisation dont les trends généraux sont globalement connus mais les résultantes spatio-temporelles beaucoup moins investies, notamment à l’échelle locale. Si la période contemporaine est bien renseignée, l’aménagement des littoraux, les réponses biologiques qui en résultent, sont à reconsidérer pour les périodes de l’Antiquité, du Moyen Âge et pour l’époque moderne. En provenance de Hollande, le modèle Bradley appliqué en France au XVIIesiècle a-t-il constitué autant qu’en a fait l’historiographie du XIXe siècle un archétype de l’assèchement des marais du royaume de France ? Pour un Brémontier boisant les Landes de Gascogne pour les assainir, combien de marais disparus mais aussi de zones humides créées lors de ces travaux de l’Empire ? Quels liens établir entre les interventions humaines, souvent prométhéennes, et l’apparition de nouvelles zones humides, voire de nouvelles formes de boisement. À cet égard, l’exportation, fin XIXe siècle, du modèle français pour l’assainissement des zones littorales du Cap Bon dans l’actuelle Tunisie a-t-elle rencontré des oppositions des populations locales, et si oui comment se sont-elles exprimées ? De même, la poldérisation du littoral atlantique n’est-elle pas à l’origine d’une biodiversité spécifique ? L’enrésinement du littoral guyanais dans les années 1950 selon des schèmes européens n’a-t-elle pas conduit à un double échec écologique et socio-économique. A contrario, la dépoldérisation récente des rives atlantiques de l’Europe du Nord est-elle véritablement un paradigme écologique et humain ? Par ailleurs, si, dans une perspective hygiéniste, la forêt est souvent perçue comme l’outil d’assainissement de la zone humide, l’arbre planté de main d’homme (ou s’installant spontanément suite à une moindre pression anthropique) chassant l’eau stagnante et ses miasmes, il semble nécessaire d’opérer un distinguo entre le trait de côte proprement dit ainsi que les espaces littoraux immédiatement adjacents et l’arrière-littoral car des politiques d’aménagement de l’espace très différentes dans leurs pratiques et leurs objectifs se sont déroulées sur ces deux espaces pourtant proches et ce alors que les facteurs biotiques et abiotiques influençant les dynamiques écologiques sont aussi très différenciées. À l’échelle du littoral, quels sont les transects écologiques et paysagers qui caractérisent aujourd’hui le chemin de l’océan vers l’intérieur des terres ? Quels liens opérer entre ces transects et la géohistoire des modes de gestion et de valorisation de ces littoraux ? Pour toutes ces questions, des études non strictement françaises sont attendues afin de multiplier les comparaisons et de suivre la conception et le cheminement des modèles territoriaux de valorisation et de protection des littoraux.
Les mobilité et variabilité de ces espaces soulèvent la question de la vulnérabilité de ces milieux, et ce sous deux angles distincts. La vulnérabilité est une perception sociale de l’instabilité des milieux et peut-être aussi une perception des risques liés à leur transformation, tandis que variabilité est plus neutre car elle désigne sans impliquer, sans ressenti. Cette mise au point suppose donc que l’on interroge les perceptions et représentations de ces milieux à l’heure de l’anthropocène, mais aussi lors des périodes historiques antérieures. Qui ressent ? Qui agit ? Pour qui et pourquoi ? Quelles politiques publiques ou privées sont-elles mises en œuvre et pour quels effets et avec quelles temporalités ? En quoi les fonctionnements territoriaux intègrent-ils les successions d’aménagements anthropiques issus de ces changements dans les perceptions de l’environnement ?
Enfin, il s’agit de préciser les menaces contemporaines qui affectent ces milieux : le changement climatique bien sûr, mais aussi l’haliotropisme, terme qui dessine l’attrait vers le littoral et l’anthropisation qui en résulte (sur-fréquentation touristique, urbanisation, aménagement du trait de côte modifiant les écosystèmes littoraux…). Et encore les mutations agricoles de ces espaces littoraux qui connaissent localement des phases d’abandon ou de déshérence. Dès lors, quels sont les temps de la vulnérabilité, selon les espaces concernés, leur histoire... ? À l’inverse, quelle sont les formes de résilience de ces milieux ? La variabilité de ces espaces conduit enfin à envisager leurs fonctions actuelles et les moteurs et effets de leur protection. Ce sont aujourd’hui des espaces tampons entre le rivage proprement dit et les milieux anthropisés ruraux, industriels ou urbains des arrières pays. Ils protègent, servent de refuge pour la biodiversité mais aussi pour les êtres humains en difficulté (cabanisation, loisirs populaires…), mais isolent aussi. Se demander quelles sont leurs fonctions, quels services écosystémiques ils rendent, est donc primordial alors qu’ils bénéficient de multiples formes de protection. De même, au moment où la notion « d’état de référence » ayant longtemps guidé les actions des gestionnaires de la nature est remise en question, le cas de ces milieux hybrides et particulièrement mobiles constitue un véritable laboratoire : comment intégrer l’extraordinaire mobilité de ces milieux, tant biophysique qu’anthropique, dans la conception des modèles de gestion ?
Dates et lieu du colloque
Du 3 au 5 septembre 2020 à l’Université de Nantes avec une journée d’excursion de terrain sur le littoral et dans les marais nantais.
Modalités de soumission et de sélection
Les propositions de contribution, évaluées par le Comité scientifique, doivent être envoyées avant le dimanche 15 mars 2020 à Marc GALOCHET marc.galochet chez univ-valenciennes.fr et Bertrand SAJALOLI bertrand.sajaloli chez univ-orleans.fr
Chaque proposition de contribution devra comporter :
Un titre,
Un résumé de 500 mots maximum en français et en anglais
5 mots-clés en français et en anglais
L’affiliation scientifique et les coordonnées de ou des auteurs
L’adresse e-mail du correspondant de la communication.
Les auteurs seront informés de l’avis du Conseil scientifique durant le mois d’avril.
Le programme sera diffusé courant mai 2020.
La valorisation des communications retenues, après évaluation du Comité scientifique, est prévue par la publication d’un ouvrage ou d’un numéro de revue.
Les modalités, le coût de l’inscription et les renseignements pratiques seront communiqués prochainement. L’hébergement et les déplacements sont à la charge des participants.
Comité d’organisation
Frédéric Alexandre, Université Paris XIII, membre Commission de Biogéographie CNFG
Vincent Andreu-Boussut, Université du Mans, membre Commission Mer, côtes et îles du CNFG
Céline Chadenas, Université de Nantes, Commission Mer, côtes et îles du CNFG
Martine Chalvet, Aix-Marseille Université, administratrice GHFF
Sylvain Dournel, Université d’Orléans, Secrétaire du GHZH
Marc Galochet, Université de Valenciennes, Président du GHFF, Vice-Président du CNFG, Commission de Biogéographie CNFG
Loïc Gouguet, Office National des Forêts
Étienne GrÉsillon, Université de Paris, Secrétaire Commission de Biogéographie CNFG
Olivier Hubert, Directeur de la Maison du lac de Grand Lieu
Xavier Rochel, Université de Lorraine, Secrétaire Commission de géographie historique du CNFG
Bertrand Sajaloli, Université d’Orléans, Président du GHZH et de la Commission Biogéographie CNFG
Nicola Todorov, Université de Guyane, Président Commission de géographie historique du CNFG
Comité scientifique
Frédéric Alexandre, Université Paris XIII
Najet Aroua, Laboratoire de Conception et de Modélisation des Formes et des Ambiances Architecturales et Urbaines (LACOMOFA), Université Mohamad Khider- Biskra (Algérie), GHZH
Paul Arnould, École Normale Supérieure de Lyon
Vincent Andreu-Boussut, Université du Mans
Corinne Beck, Université de Valenciennes, Vice-Présidente du GHZH
Dario Canzuan, Université de Padoue (Italie)
Donald Cayer, Université de Laval (Québec, Canada)
Céline Chadenas, Université de Nantes
Martine Chalvet, Aix-Marseille Université
Sylvain Dournel, université d’Orléans
Marc Galochet, Université de Valenciennes
Loïc Gouguet, Office National des Forêts
Étienne GrÉsillon, Université de Paris
Vincent Herbert, Université du Littoral Côte d’Opale
Micheline Hotyat, Sorbonne Université, Vice-Présidente du GHFF
Olivier Hubert, Directeur de la Maison du lac de Grand Lieu
Lydie Goeldner, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Rémi Luglia, Université de Caen-Normandie, Président Société Nationale de Protection de la Nature
Grégoire Macqueron, Chargé de mission de communication et d’information Zones humides SNPN
Charles-François Mathis, Université de Bordeaux
Dominique PierrelÉe, Président de la Société des historiens du Pays de Retz
Marc Robin, Université de Nantes, OR2C
Xavier Rochel, Université de Lorraine
Bertrand Sajaloli, Université d’Orléans
Nicola Todorov, Université de Guyane
Philippe Valette, Université de Toulouse Jean Jaurès
Anna-Katharina Wöbse, Université de Giessen, Allemagne
Colloque
Du 3 au 5 septembre 2020 (Université de Nantes, IGARUN)
Page créée le mercredi 12 février 2020, par Dominique Taurisson-Mouret.