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Séances de séminaires terminées
Jeudi 29 novembre 2018, 09 h-13 h : « Droits des peuples autochtones : Vers une extension des droits humains aux non-humains ? »
Alexandre Surralles, Directeur de recherches au CNRS (Laboratoire d’anthropologie sociale) : « Les non-humains et les droits des peuples autochtones : une histoire paradoxale »
Si la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones de 2007 établit leur autodétermination comme un droit humain, beaucoup de ces peuples autochtones croient qu’ils partagent leur territoire avec d’autres non-humains. Dans cet exposé, j’explore quelques-unes des conséquences de ce paradoxe. Je montre d’abord comment au XVIème siècle, il était nécessaire d’inventer un non-humain sans droits afin de permettre un droit qui englobe tous les êtres humains, y compris les peuples indiens. Au XXIème siècle, c’est le processus inverse, qui consiste à considérer les non-humains comme des personnes, qui s’est révélé nécessaire pour atteindre le même but.
Nathalie Le Bouler Pavelic, Doctorante UFBA/EHESS (IIAC/LAIOS) : « Tupinamba : des siècles de résistance »
Projection d’un extrait du film : Tupinambá. La Voz de Los Sin Voz, 2018, 26’
En 2002 le gouvernement brésilien a officiellement reconnu les Tupinambas de Olivença et en 2004, la Fondation Nationale de l’Indien (Funai) a commencé les processus de délimitation de la Terra Indígena (TI) Tupinambá de Olivença qui s’étend sur 47 000 hectares dans l’Etat de Bahia. La même année, ils ont entrepris un processus de récupérations de parcelles de leur territoire envahies par les non autochtones. En 2012, le processus a été transféré au ministère de Justice dont le cabinet s’est prononcé favorablement à l’étude de la Funai. Cependant, aucun ministre n’a signé l’arrêté administratif de la TI. Les Tupinambas vivent une constante criminalisation de la part d’individus et groupes opposés à la démarcation. Malgré cette situation d’insécurité et d’omission/connivence du gouvernement, ils continuent de lutter pour la reconnaissance et l’application de leurs droits.
Célia Tupinamba, Représentante Tupinamba (Membre ONU-Femmes, Présidente de l’Associação dos Indios Tupianambá da Serra do Padeiro-AITSP et professeur au Colégio Estadual Indígena Tupinambá de Serra do Padeiro) : « Le rôle politique des encantados dans la lutte pour la démarcation de la Terra Indígena Tupinamba de Olivença – Bahia, Brésil »
Les encantados sont des entités de notre cosmovision. Le territoire leur appartient et notre rôle est d’en prendre soin. Dans la lutte pour nos droits, les encantados nous guident en nous délivrant des messages. Ils nous ont autorisé à revendiquer le droit à notre terre ancestrale et à dire qui ils étaient, ce qui nous a permis de commencer à récupérer des parties de notre territoire. On a souffert et on continue d’être la cible d’attaques, de violences et de persécutions de ceux qui s’opposent à la démarcation de notre territoire et le gouvernement, en ne prenant pas ses responsabilités, aggrave le conflit. Dans ce contexte, les encantados nous conduisent dans la lutte pour vivre en harmonie sur terre. Cette communication a pour objectif de mettre en évidence le rôle des encantados dans la lutte pour l’application de nos droits et contribuer aux dialogues sur la reconnaissance de leur rôle politique.
Jéssica Tupinamba, Représentante Tupinamba (Colégio Estadual Indígena Tupinambá de Serra do Padeiro-CEITSP) : « Marcher sur la terre de Tupinamba : la rencontre du peuple bantou sur la terre des encantados » (Exposition photo)
Séminaire coordonné par Irène Bellier et Emmanuelle Ricaud Oneto
Jeudi de 9 h à 13 h (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris), les 29 novembre 2018, 31 janvier, 14 février, 11 avril, 9 mai et 13 juin 2019
« À la suite des travaux réalisés dans le cadre du projet ERC/SOGIP sur les échelles de la gouvernance, depuis l’adoption de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DDPA 2007), nous poursuivons la réflexion sur les articulations entre « questions autochtones », développement du/des droits et « processus globaux ». Les changements juridiques, politiques et sociaux découlant de cet instrument international font partie des évolutions d’un ordre global sensibilisé aux problèmes des peuples autochtones. Les caractéristiques de la gouvernance mondiale, les consensus et les contradictions sur lesquels s’appuie la gouvernance des questions autochtones comme les résistances qu’elle rencontre, mettent en tension ce qui s’observe dans les villages, les communautés ou encore dans les « lieux » apparemment « neutres » des institutions où sont prises les décisions globales.
Dans une perspective comparative et à partir d’études de cas contextualisées, nous suivons les processus de reconnaissance légale, les impacts des politiques de « développement », les conflits de territorialité mais aussi les défis que pose la production des connaissances sur les autochtones, les savoirs autochtones, et la participation des autochtones à la prise de décision sur les affaires qui les concernent. Nous nous intéressons aux acteurs politiques se reconnaissant autochtones (organisations et individus), à leurs positionnements dans les scénarios de gouvernance planétaire, à l’impact des méga-agents du changement (parmi lesquels les firmes transnationales, les industries extractives). »
Le séminaire 2018-2019 s’appuiera sur les travaux du Réseau thématique international CNRS (RTI-JUSTIP Justice et Peuples autochtones) coordonné par Irène Bellier.
Pour recevoir les nouvelles du séminaire, envoyer un mail à ibellier chez ehess.fr
Page créée le mardi 20 novembre 2018, par Dominique Taurisson-Mouret.