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Appel
Date limite de soumission : lundi 31 janvier 2022
Colloque international de l’AIHA-Grenoble 8-10 septembre 2022
« Les Alpes sont une lumière. Elles enseignent, rendent sensible la solidarité du globe. » Jules Michelet, La montagne, Paris, Charpentier et compagnie éditeurs, 1885, p. 41.
Comme le soulignait Michelet, si la montagne est toujours une initiation, elle est aussi une école en soi. Elle enseigne, renseigne et éduque celles et ceux qui se mettent à son écoute. La montagne est enseignante dans le sens où elle donne une leçon permanente sur la nature et sur soi à qui l’expérimente. Depuis toujours elle est un espace d’adaptation mais peut aussi être un espace d’innovation. A ce titre elle devient un territoire enseigné sur sa réalité matérielle et humaine.
Cette double dimension doit être envisagées dans le temps et dans l’espace afin d’évaluer comment la montagne devient tour à tour ou de manière concomitante, enseignante et enseignée. Ainsi dans les siècles passés, les montagnards, guides et marrons, si souvent dépréciés par les regards condescendants portés sur eux de l’extérieur, se sont faits enseignants pour des voyageurs, touristes, pèlerins, sportifs, savants et même rois, venus des plaines pour traverser leur espace, comme on prenait jadis la mer sous la garde des marins.
Les sociétés montagnardes ont toujours su tirer parti, par la pratique et l’expérimentation, des savoirs vernaculaires accumulés et transmis. Ceci parallèlement à la conscience aigüe et précoce de cultiver un enseignement passant par l’école, en particulier dans les hautes vallées alpines. Liée aux socio-systèmes locaux, une telle appétence pour l’instruction en a permis le maintien et a contribué à structurer les migrations et à alimenter le « paradoxe alpin » de la relation entre alphabétisation et altitude.
Par ailleurs, la montagne apparaît comme un laboratoire à ciel ouvert, non seulement objet de science, mais terrain d’études pour les chercheurs depuis des siècles. Elle est par conséquent un espace d’expérimentations, producteur d’informations, qu’il s’agisse d’archives de toutes natures, tant écrites, orales, visuelles que matérielles, que de données multiples, y compris physiques et physiologiques...
Aujourd’hui encore, elle demeure un formidable terrain de formation pour les professions les plus variées, du tourisme aux militaires, de l’agropastoralisme au bien-être, du sport à l’architecture… Elle structure des savoirs techniques et psychologiques, des savoirs faire et des savoirs être.
Si la montagne enseigne sur elle-même, elle renseigne également sur ce que sont les sociétés qui y vivent et sur celles qui les observent et croient les connaître.
Par ses caractéristiques propres, la montagne devient un objet d’enseignement, pour ceux qui ont charge de l’administrer, développer, défendre, de la vendre, de la peindre… Ils sont amenés à produire des discours et des images, des enquêtes et des rapports, dans le respect et la compréhension de ce milieu, ou, au contraire en le déformant, en plaquant leurs propres schémas en décalage avec les réalités des territoires et de leurs sociétés.
Quelles sociétés la montagne fabrique-t-elle à travers ses enseignements ? Qu’enseigne-t-elle exactement et comment fait-elle école ? Quelle part la nature, brute, sauvage et comme mise à nue, prend-elle dans cet enseignement ? Est-ce la spécificité du lieu, vertical et minéral, qui aiguise les sens ? Est-ce sa dangerosité, qui stimule les audacieux et condamne les imprudents ? Est-ce sa diversité et sa variabilité, accentuées par le contraste des étagements d’altitude et des saisons très marquées, qui renouvellent sans cesse le regard ? Un constat s’impose : seule la capacité des hommes à tirer des leçons du milieu permet d’y survivre, sinon de s’y plaire et de s’y épanouir, Mais quelles montagnes sont-elles enseignées ? Quelles réalités de la nature et des sociétés de montagne sont-elles véhiculées ? Comment cet enseignement est-il utilisé et pour transmettre quels schémas d’aménagement, quels schémas éducatifs, quelles valeurs ?
Le colloque de l’AIHA vise à rassembler les connaissances sur le sujet, en montrant, sur un temps long (du Moyen Âge au XXIe siècle) et dans une conception élargie des territoires (à la fois enracinée et ouverte à l’extérieur, notamment par le biais des mobilités), comment et pourquoi la montagne, malgré la tyrannie du milieu, ou peut-être à cause d’elle, a toujours été un espace d’apprentissage, tant pour l’esprit et le corps que pour les sens, tant à l’échelle individuelle qu’au niveau collectif. En ce sens, par les dynamiques d’adaptation nécessairement mises en place aux différentes époques, en fonction des contextes économiques, politiques, sociaux et culturels, les territoires de montagne peuvent aussi devenir une forme de modèle pour d’autres territoires, faire école et s’enseigner. Seront pris en compte les questions des renouvellements, visibles ou moins visibles en raison des temporalités différentes, des formes et des modalités issues de ces enseignements.
Toute communication sur d’autres montagnes du globe sera la bienvenue. Les Alpes pourront être un laboratoire privilégié, mais pas unique pour cette approche. Par ailleurs, il ne s’agit pas d’évoquer les seuls savoirs scientifiques, mais plus largement tous les savoirs portant sur un lieu ou milieu spécifique de formation.
Journée 1 : Montagne enseignante : La montagne-école ou « à l’école de la montagne »
Au cours de la première journée centrée sur la Montagne comme fabrique de savoirs spécifiques, espace d’innovations et d’adaptations, seront abordées les différentes catégories de savoirs qu’offre la montagne. A titre d’exemple sans exclusif ni exhaustivité, on peut citer, les savoirs « indigènes » comme la culture du risque, la préservation et l’usage économe des ressources, les savoirs militaires (cartographie, aguerrissement…), les savoirs du corps-sports-performance… ou la montagne comme école de vie avec les organisations de jeunesse, ou plus récemment la montagne comme lieu de ressourcement post-cancer. La montagne également comme productrice non seulement de savoirs, mais aussi comme facteur de développement d’institutions universitaires…
Journée 2 : La montagne enseignée :
On centrera la seconde journée sur l’autre thématique qui comprendra aussi bien la spécificité des « petites écoles » à la montagne, que les lieux plus récents de scolarité et de formation comme les lycées de sport-études, l’EMHM, le PGHM, ou les institutions plus spécialisées (École des Houches , ….). On inclut la manière dont certaines institutions enseignent la montagne de manière académique ou à des fins d’aménagement ou/et renseignent et éduquent sur et par la montagne (parcs naturels, conservatoires, musées, …).
Les propositions de communication (titre et résumé de 2500 caractères espaces inclus) doivent être envoyées d’ici le 31 janvier 2022 à anne-marie.granet chez wanadoo.fr et stephane.gal chez univ-grenoble-alpes.fr
Comité d’organisation : Christophe Capuano, Université Grenoble-Alpes, René Favier, LARHRA, Stéphane Gal, Université Grenoble-Alpes, Anne-Marie Granet, Université Grenoble-Alpes, Luigi Lorenzetti, Univ. Svizzera italiana, Etienne Bourdon, Université Grenoble-Alpes
Conseil scientifique : Simona Boscani, Université de Berne, Serge Brunet, Université de Montpellier, Carole Christen, Université Le Havre Normandie, Sylvène Edouard, Université Lyon III, Rita Hofstetter, Université de Genève, Laurent Jalabert, Université de Pau et des Pays de l’Adour, Pier Paolo Viazzo, Université de Turin, Jean-Yves Julliard, LARHRA, Aleksander Panjek, Université de Primorska, Slovénie
Colloque
Du 8 au 10 septembre 2022
Page créée le lundi 3 janvier 2022, par Webmestre.