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Colloque
Mardi 6 avril 2021 (INHA, Paris)
Les mondes de l’art du pourtour sud et est méditerranéen sont le produit à la fois d’interactions supranationales et d’enracinements locaux variés, qui se sont matérialisés par toutes sortes d’innovations et d’hybridations, d’échappées particulières et de dyschronies...
Que les contours en aient été déterminés par les réformes ottomanes du XIXe siècle, par la colonisation européenne, par les conditions de la Guerre froide et/ou celles de la décolonisation, les mondes de l’art du pourtour sud et est méditerranéen sont le produit à la fois d’interactions supranationales et d’enracinements locaux variés, qui se sont matérialisés par toutes sortes d’innovations et d’hybridations, d’échappées particulières et de dyschronies.
Deux façons de regarder ces mondes de l’art, et plus largement les cultures visuelles qui les traversent, coexistent sans grand contact entre elles. La première, nourrie de théorie postcoloniale ou décoloniale, et généralement située du côté européen du bassin méditerranéen, les considère sous domination occidentale et les analyse à l’aune quasi exclusive de ce prisme, tandis que la seconde, partant de l’autre rive et généralement porté par l’idéal national, privilégie une analyse internaliste, quitte à laisser de côté les linéaments qui inscrivent œuvres et auteurs dans des géographies plus vastes et des réseaux plus globaux.
9h45 : Introduction générale
10h-13h : Captations photographiques Discutant : Manuel Charpy
Claudine Piaton, Des intérieurs européens dans l’isthme de Suez (1890-1930)
En s’appuyant sur deux collections de photographies amateurs léguées par des ingénieurs de la Compagnie de Suez et représentant leur résidence à Port-Saïd et Ismaïlia au début du XXe siècle, il s’agit de questionner le décor et les objets qui peuplent leurs intérieurs. Que nous apprennent-ils des propriétaires et de leur rapport à l’Égypte, à l’Europe et au-delà ? En quoi rendent-ils compte de réseaux de production et de diffusion ?
Ece Zerman, Photographies d’intérieurs ottomans : mise en scène de la vie privée ?
À partir d’une série de photographies du début du XXe siècle, cette intervention propose une discussion sur un rapport nouveau à l’espace intérieur. Celui-ci devient alors un lieu où s’inscrivent les transformations sociales et politiques qui marquent l’Empire ottoman tardif et la Turquie républicaine. À travers les photographies qui captent un moment donné de cet espace, il devient possible d’observer les façons dont les contemporains ont voulu s’y représenter. On peut ainsi suivre certains éléments d’un nouveau mode de vie, allant du mobilier à une imagerie en circulation globale, des relations familiales aux loisirs. Ce sera l’occasion enfin de questionner les limites méthodologiques que pose l’étude d’une documentation dispersée.
Mercedes Volait, Des séances photographiques chez le cheikh al-Sadate au Caire (1868-années 1890)
L’une des grandes résidences les plus photographiées du Caire aux premiers temps du médium était habitée par le chef d’une puissante confrérie soufie, aujourd’hui disparue. La maison figure aussi dans les aquarelles et les tableaux de plusieurs artistes britanniques. À travers cette documentation visuelle, croisée aux quelques sources écrites dont on dispose à son endroit, l’intervention tentera de mettre en lumière ce qu’épreuves et dessins laissent voir de la relation nouée à la photographie, et du monde ainsi représenté.
14h00-17h00 : Matérialité de l’architecture Discutant : Ronan Bouttier
Mohammed Hadjiat, Une histoire des ouvriers de la construction durant la période coloniale en Algérie (1830 – 1930).
Si le contingent du génie militaire suffit à répondre aux besoins en main d’œuvre pendant les premières années de la colonisation, l’expansion coloniale amène les autorités françaises à solliciter d’autres forces ouvrières dans les chantiers de construction et de restauration. Dans un contexte d’abaissement des coûts de construction et d’une politique de colonisation, l’analyse des mémoires de travaux questionnera les transferts techniques et l’évolution de la rémunération entre ouvriers dits indigènes et européens, militaires et détenus.
Naby Avcioglu, La Mosquée émancipée : le cas de Sancaklar à Istanbul
La mosquée Sancaklar, inaugurée en 2014 dans un secteur rural d’Istanbul donnant sur la mer de Marmara, est une manifestation de résistance à l’identité musulmane nationaliste encouragée par l’islamisme turc. Son « vernacularisme » moderne (lié à la spécificité du site) se veut une réaction aux modèles officiels de mosquées standardisées propagés par le gouvernement turc depuis 2002, ainsi qu’à leur visibilité proéminente dans l’espace public à des fins d’influence économique, sans aucune considération pour la matière, la topographie, l’histoire ou l’environnement. L’intervention s’intéressera à la façon dont l’architecture de Sancaklar détache la religion de l’abstraction de la politique pour revenir à des questions de spiritualité et de subjectivité.
Modalités de participation et inscriptions
Inscriptions pour la communication du lien zoom de la journée auprès de mohammed.hadjiat chez inha.fr
Accès restreint en présentiel à la salle Tania Hendricks, locaux de l’INHA, aux seuls membres des centres partenaires de la Galerie Colbert.
Page créée le lundi 29 mars 2021, par Dominique Taurisson-Mouret.