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Séances de séminaires terminées
Vendredi 2 novembre 2018, 11 h-13 h : « Anthropologie politique de la mémoire : usages postcoloniaux du colonial. Regards croisés entre Inde et Afrique » : introduction
Marie-Aude Fouéré (EHESS/IFRA/IMAF) : « Création et circulation de la notion d’archive(s) postcoloniale(s) »
Gaetano Ciarcia (CNRS/IMAF) : « La notion de « mémoire culturelle » en anthropologie »
Vendredi 16 novembre 2018, 11 h-13 h : R. Rousseleau (Univ. de Lausanne/CEIAF) : « Les usages oriya (Inde) des études coloniales sur le dieu Jagannath » »
Vendredi 30 novembre 2018, 11 h-13 h : N. Chavoz, (Univ. Paris 3 - Sorbonne Nouvelle) : « Du Roi de Kahel à Camarade Papa : fictions de l’explorateur »
Vendredi 7 décembre 2018, 11 h-13 h : G. Ciarcia (CNRS/IMAF) : « Aux origines de la culture vodun contemporaine au Bénin. Les films réalisés par le missionnaire ethnologue Francis Aupiais au Dahomey », 1ère partie
Vendredi 21 décembre 2018, 11 h-13 h : M. Claveyrolas (CNRS/CEIAS) : « La mémoire sélective des héritages à l’île Maurice : Afrique, Inde et plantation »
Vendredi 1er février 2019 : M. Maamouri (EHESS) : « La biographie sociale des objets à l’épreuve du terrain : entre perspective historique et données ethnographiques. L’exemple du botchio du Bénin »
Vendredi 15 février 2019, 11 h-13 h : T. Claquin (LARHRA) : « Cartographie coloniale et revendications territoriales chez les Garo du Meghalaya »
Vendredi 1er mars 2019, 11 h-13 h : A. Ceriana Mayneri (CNRS/IMAF) : « Le musée ethnographique “Barthélémy Boganda” de Bangui : mémoires et violences ordinaires dans une institution publique centrafricaine »
« Parmi les « victimes collatérales » du conflit centrafricain, le musée national de Bangui a été pillé en 2013 et, au début de l’année 2019, demeure fermé au public. Mais les pilleurs se sont surtout concentrés sur des matériaux (toiture, cadres et vitres des fenêtres) qui pouvaient être revendus sur les marchés : plus tard, une poignée de fonctionnaires a retiré les collections et les archives, désormais exposées aux intempéries, dans des caisses en bois, où elles reposent depuis. Dans un futur encore incertain, l’intervention de plusieurs acteurs présents à Bangui, essentiellement étrangers, permettra peut-être de réhabiliter le bâtiment endommagé, de réaménager les différents services et de réorganiser une exposition. Ce sera alors la répétition d’une scène déjà ancienne, dans et autour de cet espace muséal crée en 1964 par un expert israélien, l’ethnomusicologue Simha Arom, et une experte française, Geneviève Dournon, et plusieurs fois réaménagé par la coopération allemande d’abord, par celle italienne ensuite.
Mon exposé s’appuiera sur deux travaux de recherche entrelacés, qui demeurent encore à l’état fragmentaire et magmatique : la réalisation d’un film-documentaire sur le musée de Bangui d’une part, une ethnographie auprès de son personnel de l’autre. À l’aide de quelques extraits filmés, je reviendrai sur les différentes conceptions du passé et de la mémoire qui se télescopent dans ces salles, ainsi que sur le rôle que les fonctionnaires qui l’habitent semblent attribuer à cette institution fermée au public. Je voudrais ainsi, non pas porter « un autre regard » sur la crise centrafricaine et ses violences, mais commencer à saisir des moments particuliers et ordinaires dans les vies d’une institution publique centrafricaine et de son personnel, exposés comme ils le sont à la tumultueuse histoire récente du pays. »
Vendredi 15 mars 2019, 11 h-13 h : G. Ciarcia (CNRS/IMAF) : « Aux origines de la culture vodun contemporaine. Les films réalisés par le missionnaire ethnologue Francis Aupiais au Dahomey », 2e partie
Vendredi 29 mars 2019, 11 h-13 h : C. Ducournau (Univ. Paul-Valéry - Montpellier 3, RIRRA21) : « De Bingo à Amina en passant par Awa : mémoires du colonial dans des magazines africains postcoloniaux (années 1950-1970) »
Vendredi 5 avril 2019, 11 h-13 h : É. Guitard (FRA-Ibadan, CNRS/MEAE) : « “Don’t scare me like that, colonizer !”. Black Panther, un film post-colonial ? »
Vendredi 19 avril 2019, 11 h-13 h : Z. Headley (CNRS/CEIAS) « Histoire sociale de la photographie au Tamil nadu »
« Séminaire » organisé par Gaetano Ciarcia, directeur de recherche au CNRS (IMAF), Marie-Aude Fouéré, maîtresse de conférences de l’EHESS (IMAF) et Raphaël Rousseleau, professeur à l’Université de Lausanne (CEIAS).
Périodicité : 1er, 3e et 5e vendredis du mois de 11h à 13h
Localisation : IISMM, salle de réunion, 1er étage, 96 bd Raspail 75006 Paris
Calendrier : Du 2 novembre 2018 au 19 avril 2019 (Pas de séance de 18 janvier 2019)
Contacts : marie-aude.fouere(at)ehess.fr, ciarcia.gaetano(at)wanadoo.fr
Ce séminaire en anthropologie politique de la mémoire vise à explorer les pratiques mémorielles et les usages du passé pour l’action politique, au sens large d’engagement dans la vie publique. Cette année, il s’attachera à la présence du colonial au cœur du postcolonial et du décolonial. Des représentations de l’Autre et de soi fabriquées sous le colonialisme affectent toujours les sociétés d’aujourd’hui, que ce soit de façon implicite et peu réflexive, ou avec une mise à distance et une critique argumentée qui permettent de tenter de les contrer ou de les détourner. Dans cette optique, l’analyse des intentions actuelles (politiques, cérémonielles, scientifiques, artistiques, patrimoniales, etc.) de transcender la condition de la soumission d’autrefois, de renverser ses stigmates et de s’affranchir d’une intimité culturelle avec le colonisateur constituera le thème commun aux études que nous envisageons de discuter. Ces représentations sont appuyées sur des paroles, des objets, des écrits, des images ou encore des sons produits pendant le passé de la domination européenne qui constituent ce que l’on nomme parfois « l’archive coloniale ». Dans notre réflexion commune, il ne s’agira donc pas de « provincialiser » l’« Europe » (D. Chakrabarti), mais plutôt d’interroger les héritages contemporains significatifs d’une durée décoloniale que nous considérons être encore en cours et en devenir. Dans les situations que nous nous proposons d’observer, l’existence d’une telle durée est à l’œuvre à travers diverses formes d’adhésions à une doxa, des dénégations, des antagonismes et des anachronismes qui actualisent et transforment constamment le temps désormais révolu de la colonisation et pourtant encore agissant dans les consciences.
Le séminaire traitera tout particulièrement des formes commémoratives, muséales, théâtrales, éditoriales et littéraires de mise en scène des « origines » qui répètent des narrations qui les ont précédées mais qu’elles transforment aussi sans cesse. Dans ce cadre, nous analyserons des contextes dans lesquels des écrits, des images ou des sons ont été intégrés et interprétés non seulement comme des vecteurs de transformation sociale, mais aussi comme des sources mémorielles, faisant d’eux des sortes d’« archives ordinaires ». Nous étudierons ainsi diverses productions savantes (ethnologiques, sociologiques, historiques, etc.), fictionnelles (littéraires et filmiques), de vulgarisation ou de propagande (coloniale, missionnaire, patrimoniale), à travers leurs effets de réception et leurs élaborations créatives à des échelles locales et globalisées. Le séminaire a également pour ambition de contribuer à un questionnement épistémologique sur la notion d’archive(s) utilisée pour subsumer les matériaux de l’époque coloniale transformés en objets d’histoire et de mémoire.
Dans une perspective comparative et de décloisonnement des aires culturelles, le séminaire croisera les regards sur les mondes africains et indiens, permettant ainsi de faire émerger des problématiques similaires à ces espaces, tous deux pris dans le colonialisme, ou de révéler des spécificités liées à leurs diverses trajectoires historiques ainsi qu’aux cadres des empires concernés. Conjointement aux interventions assurées par les responsables du séminaire, des chercheurs extérieurs venus de différentes disciplines des sciences sociales – mais principalement issus de l’anthropologie, la sociologie ou la littérature et les arts – seront invités à présenter leurs travaux sur les mémoires postcoloniales du colonial à partir d’études de cas circonscrites.
Page créée le mardi 19 février 2019, par Dominique Taurisson-Mouret.