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Appel
Date limite de soumission : dimanche 15 septembre 2019
Éditeurs scientifiques : Lotte Pelckmans (université de Copenhague) & Mads Anders Baggesgaard (université d’Aarhus, Danemark)
Le terme « post-esclavage » est un concept qui n’est pas toujours défini et qui sert à désigner la période complexe suivant l’abolition formelle de l’esclavage. Dans ce numéro spécial, on se propose d’explorer et d’interroger ce concept à travers les récits de vies individuelles. Ces formes narratives, qu’elles soient visuelles ou textuelles, pourront par exemple provenir de la littérature, de plates-formes numériques militantes, de documents officiels concernant les droits de l’homme, d’articles de journaux et de magazines, de pamphlets, de films, de pièces de théâtre, etc. Le dossier accueillera tout autant des contributions historiographiques fondées sur des récits d’esclavage postérieurs à l’abolition, que des contributions montrant de quelle façon ces récits ont été utilisés à travers le temps ou le sont encore aujourd’hui.
Tout comme le mot « postcolonial », « post-esclavage » est souvent employé pour faire une distinction analytique entre « l’avant » et « l’après » esclavage. Ce concept représente aussi une rupture critique, normative et morale, exposant « les héritages continus d’une situation qui aurait dû être réglée, et qui est discutablement “néo-abolitioniste en intention” » (Rossi 2015, nous traduisons). Cette tendance unilatérale au néo-abolitionisme renforce des représentations selon lesquelles la rupture temporelle entre esclavage et post-esclavage est universellement désirable et possible pour tous. Elle risque ainsi de ne pouvoir prendre en compte la coexistence à l’heure actuelle de l’esclavage traditionnel et de l’esclavage moderne (Fabian 1990). C’est le cas en particulier dans des sociétés où l’abolition coloniale de l’esclavage et/ou des interventions internationales anti-esclavagistes ont été perçues (et continuent de l’être) comme des projets indésirables, exogènes, romantiques ou même paternalistes et opportunistes venus d’ailleurs pour s’initier sans légitimité dans des dynamiques de pouvoir locales ou régionales – comme c’est le cas en Mauritanie.
Afin de croiser et de confronter les représentations fragmentées et normatives du post-esclavage, ce numéro spécial rassemblera des contributions qui soulignent la polyphonie, voire la cacophonie existant sur le sujet dans les récits historiques ou contemporains de par le monde. On invite tout particulièrement des contributions qui mettent en lumière les voix du « Global South Atlantic » (Bystrom & Slaughter 2018) pour compléter les narrations des (néo-)esclavages européennes et nord-américaines.
Les contributeurs peuvent envisager de travailler autour des sujets suivants :
la compréhension et la théorisation de l’historiographie contemporaine de l’esclavage à travers les formes narratives visuelles et littéraires, sur les thèmes du post-esclavage, de la mémoire, des récits de néo-esclavages ;
les récits littéraires ou visuels qui reflètent des formes dites d’« esclavage contemporain » (comme le travail forcé, la traite des êtres humains, la déportation des demandeurs d’asile ou des migrants, etc.) et leurs liens avec des formes d’esclavage impérial et traditionnelles, par exemple en Asie ;
les textes ou images qui abordent les multiples facettes historiques et les différents visages de l’esclavage, en lien avec les processus de l’abolition, par exemple en Afrique
les différents usages historiques de la mémoire de l’esclavage à travers l’iconographie et la littérature post-abolitionniste, par exemple dans les sociétés caribéennes et d’Amérique latine ;
la pratique moderne consistant à utiliser des archives légales, des textes, images et bases de données d’images pour étayer les demandes de réparations, usage qui constitue en soi un genre de narration ou une forme de discours et qui contribue à façonner et à renforcer le concept de post-esclavage ;
les témoignages de personnes mises dans des conditions multiples, proches de l’esclavage dans des sociétés post-esclavagistes, par exemple l’exclusion raciale, le travail forcé, la traite des humains et la xénophobie en Europe ;
l’impact de la globalisation des droits de l’homme et des politiques humanitaires sur les différentes formes de narrations de néo et/ou de (post-)esclavage, et les nouvelles expressions narratives en résultant ;
les implications dans les expressions visuelles et littéraires de narrations plutôt considérées comme secondaires : les récits d’esclaves musulmans, d’esclaves féminins, les récits post-esclavagistes de Blancs versus de Noirs, les récits d’enfants esclaves, etc.
les narrations qui s’éloignent des topoi / représentations impérialistes, essentialistes du sujet post-esclavage, par exemple dans des traditions idéologiques alternatives comme l’afro-futurisme, le communisme, l’islam orthodoxe, etc.
Modalités de soumission
Les auteurs enverront un résumé de leur article (en français, en anglais, en espagnol ou en portugais) avant le 15 septembre 2019 à ciresc.redaction chez cnrs.fr. Il devra s’agir d’articles inédits, qui tiendront compte des normes éditoriales de la revue (disponibles sur le site du CIRESC).
Rédactrices en chef de la revue : Myriam Cottias (CNRS) & Céline Flory (CNRS)
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Vendredi 21 mai 2021
Page créée le vendredi 21 mai 2021, par Dominique Taurisson-Mouret.