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Appel
Date limite de soumission : samedi 10 août 2024
Le 1er mai a marqué le 50e anniversaire (1974-2024) de la libération des prisonniers du camp de concentration de Tarrafal, sur l’île de Santiago au Cap-Vert. Ce camp a été fondé au cours de la dictature en 1936 sous le nom euphémique de Colonie Pénale du Cap-Vert, afin d’y enfermer notamment les opposants au salazarisme. De 1936 à 1954, des centaines de Portugais y sont confinés en tant que prisonniers politiques, tout comme des centaines de militants anticolonialistes d’Angola, de Guinée et du Cap-Vert, l’ont été entre 1961 et 1974. Ces derniers luttaient pour l’indépendance des colonies portugaises en Afrique. La torture, la maladie, la mort, la censure, le travail forcé et d’autres pratiquescrépressives ont caractérisé le régime d’enfermement de la prison de Tarrafal (Barros 2009). Decce point de vue, l’histoire de cette prison doit être interprétée comme faisant partie intégrante des politiques d’enfermement colonial et des pratiques de violence politique que les régimes dictatoriaux (y compris l’Estado Novo de Salazar) ont mis en œuvre dans différentes régions du monde tout au long du 20e siècle. En même temps, l’enfermement colonial ne peut pas être déconnecté de l’histoire globale de l’expansion impérialiste de l’Europe et de sa politique coloniale (Coates 2001 ; Bernault 2003 ; Vansina 2003 ; Havik, Janeiro, Oliveira & Pimentel2021 ; Bruce-Lockhart 2022 ; Angelo 2023). La détention (comme pratique de contrôle) et la ségrégation (comme mécanisme de production d’altérités) ont été exercées dans des espaces conçus et institués comme des "exceptions" (Agamben, 1996) et comme des instruments de gestion des personnes considérées comme "excédentaires" ou dangereuses pour l’ordre dominant. Le concept de forme camp, proposé par Federico Rahola dans un essai de 2007, implique une réinterprétation des enfermements coloniaux et postcoloniaux, tant du point de vue de leur durée que de l’adaptation contemporaine des pratiques de détention, y compris pour ce que Didier Fassin appelle les "nomades transnationaux précaires – réfugiés ou migrants, demandeurs d’asile ou étrangers ensituation irrégulière" (Fassin 2021). Les espaces et les cultures d’enfermement (Dikötter &Brown 2007 ; Morelle, Le Marcis & Hornberger 2021) en disent beaucoup sur les géographies de l’exclusion et de l’inégalité (Gilmore 2023). A l’occasion du 88e anniversaire de l’ouverture du camp de concentration colonial de Tarrafal, dans l’archipel du Cap-Vert (29 Octobre 1936 – 29 Octobre 2024), ce colloque international vise à élargir le débat sur les pratiques anciennes et nouvelles de l’enfermement, dans leurs multiples déclinaisons et modalités. D’une part, il s’agit d’aborder la forme camp dans une perspective historique ainsi que les différentes pratiques de l’incarcération coloniale. D’autre part, l’intention de ce colloque est de réfléchir de manière large et transdisciplinaire sur les espaces, les mémoires, les récits et les expériences de détention, et sur la manière dont leurs héritages marquent la généalogie des pratiques contemporaines d’enfermement. Dans ce contexte, nous appelons à des propositions de communications qui dialoguent avec ces thèmes et d’autres thèmes connexes :
Expériences coloniales d’enfermement
Mémoires et récits de détention
Prison et répression politique
Violence coloniale et postcoloniale sur le terrain
Arts, violence, récits et représentations de l’enfermement
Prisons, stratégies de résistance et réseaux de lutte transnationaux
Archipels d’enfermement : prisons politiques, colonies pénitentiaires, camps de travailforcé, camps de réfugiés
Espaces et formes d’enfermement – perspectives comparatives
Politiques mémorielles, réappropriations, modes de réutilisation des espacesd’enfermement colonial
Espaces racialisés et cloisonnement des différences
Les propositions de communication (titre, auteur, affiliation institutionnelle et résumé de 200mots maximum) doivent être envoyées à liviaapa chez gmail.com et vbarros chez fcsh.unl.pt avant le 10 Août 2024.
Les résultats seront communiqués au plus tard le 1er septembre 2024. Les résumés et les présentations peuvent être rédigés en portugais, anglais, français et espagnol.
La sélection des communications sera effectuée par le comité scientifique du colloque, à savoir :
Anaïs Angelo (University of Vienna)
Aurora Almada e Santos (Universidade NOVA de Lisboa)
Camille Evrard (CNRS–IMAF & Université de Toulouse Jean Jaurès)
Catarina Madeira Santos (École des Hautes Études en Sciences Sociales)
Federico Rahola (Università degli Studi di Genova)
Florence Bernault (SciencesPo – Centre for History)
Francesco Correale (CNRS–UMR 7324 CITERES)
Laura Routley (Newcastle University)
Maria Conceição Neto (Universidade Agostinho Neto)
Miguel Mellino (Università degli Studi di Napoli « L’Orientale »)
Pedro Aires Oliveira (Universidade NOVA de Lisboa)
Romain Tiquet (CNRS & Centre Marc Bloch)
Colloque
29-30 octobre 2024 (Museu do Aljube)
Page créée le lundi 1er juillet 2024, par Webmestre.