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Appel
Date limite de soumission : vendredi 31 décembre 2021
Séminaire organisé par le Laboratoire d’Économie Rurale de l’Institut National de la Recherche Agronomique de Tunisie et Le Groupe de Recherche Petites Paysanneries GPP-GPP Suds (France)
L’objet du séminaire est de réunir des chercheuses / chercheurs appartenant à différentes générations et à différents champs disciplinaires, thématiques et méthodologiques et dont l’intérêt scientifique a porté / porte sur les questions rurales dans leurs dimensions économiques, sociales et environnementales. Cette première initiative ambitionne d’être la séance inaugurale d’une dynamique pérenne qui, à terme, s’ouvrira progressivement du local au global (Maghreb, Afrique, Méditerranée, Suds…).
L’une des spécificités du soulèvement populaire en Tunisie (décembre 2010 - janvier 2011) réside dans son déclenchement dans les régions rurales du Centre-Ouest. Ces régions sont, à la fois, celles dont les dynamiques en œuvre sont profondément liées au processus de transformation du monde rural et agricole et celles qui ont le moins profité des fruits de la croissance économique. Le soulèvement populaire a été ainsi un moment fort de contestation de l’autoritarisme et de l’injustice, en même temps qu’une réaction contre la marginalisation des ruraux et des agriculteurs. Il a mis à nu la faillite du modèle de développement et les limites de la capacité de résistance de l’agriculture paysanne et familiale qui prédomine la configuration sociale de l’agriculture tunisienne.
Toutefois, bien avant cette « révolution », des signes avant-coureurs ont révélé la profondeur de la crise que connait le monde rural et agricole tunisien qui, en somme, est l’aboutissement d’un processus de développement exclusif et d’un ancrage renforcé de la Tunisie dans l’économie mondiale.
En fait, depuis la fin de l’épisode colonial, le monde rural tunisien n’a pas cessé de connaitre de profonds changements touchant tout à la fois ses aspects économiques, sociaux et environnementaux.
Sur le plan économique, le modèle de développement avec ses différentes variantes (collectivisme, libéralisme jusqu’à l’ultralibéralisme mondialisé) et la place assignée à l’agriculture et la paysannerie dans ce modèle, ont eu des effets singuliers et cumulatifs en termes de différenciation entre les agriculteurs/paysan-ne-s, d’émiettement des exploitations agricoles et d’accès limité et différencié des exploitants aux ressources (terre, eau, finance…). En conséquence, on assiste à une détérioration des revenus agricoles (notamment des plus petits), une quasi-stagnation de la production et une dépendance alimentaire accrue.
Sur le plan social, la montée du chômage et de la pauvreté/précarité en milieu rural, l’accélération des flux migratoires et la forte régression de la part de la population rurale illustrent bien la crise profonde que traverse le monde rural et agricole. Une crise exacerbée par le vieillissement de la population (et des chefs d’exploitations), le faible niveau d’instruction des actifs agricoles, l’aversion notable des jeunes hommes pour le travail agricole et la féminisation croissante de la main-d’œuvre dans le secteur.
Sur le plan environnemental, selon des proportions certes inégales selon les régions, le milieu rural subit globalement les contrecoups de phénomènes planétaires globaux (réchauffement climatique), en même temps que locaux (surexploitation des ressources hydrauliques, utilisation des produits phytosanitaires, pollutions diverses…). Au total, un processus que ni les initiatives individuelles ou collectives ni les adaptations techniques et, encore moins, les incitations publiques ou la coopération internationale ne semblent pouvoir renverser.
Plus de 10 ans après, l’épisode « révolutionnaire », où l’on n’a pas vu s’afficher ostensiblement les aspirations spécifiques des paysans/agriculteurs, ni poindre de nouveaux modèles économiques, sociaux ou environnementaux pour le monde rural. En effet, si la révolte a ouvert en Tunisie un espace d’expression aux revendications des agriculteurs et des paysans pour un meilleur accès à la terre et aux ressources, il semble que les voix sont loin d’être audibles.
Objectifs du séminaire
Selon des foisonnements et des visibilités inégales selon les disciplines, les objets, les intérêts thématiques, les échelles et les zones géographiques, la recherche scientifique dédiée au monde rural ne s’est pas interrompue. On peut même dire qu’elle s’est intensifiée depuis 2011, à la faveur d’une relative augmentation des ressources (notamment extérieures), mais non sans avoir subi les effets de mode, les élans volontaristes et parfois les exigences des bailleurs de fonds publics et privés.
En mettant l’accent sur la période récente et loin des discours normatifs et des généralités, les participant·e·s distancié·e·s seront invité·e·s / invité·e·s, en se basant sur leurs propres travaux (individuels et collectifs), à communiquer dans deux perspectives :
Une perspective rétrospective qui consistera, dans une démarche diachronique ou synchronique, à brosser l’état des lieux du monde rural dans ses dimensions triptyques : économique, sociale et environnementale
Une perspective interrogative qui se penchera sur le devenir du monde rural et paysan compte tenu des dynamiques et des enjeux en œuvre.
D’une manière transversale et au-delà des catégories dominantes et du lexique « financiariste » et managérial de la mondialisation, ils / elles s’interrogeront sur :
Les modèles de développement et leurs conséquences économiques, sociales et environnementales ;
La place des paysanneries/agriculteurs dans les choix politiques et économiques ;
La question alimentaire : sécurité vs souveraineté ;
La reconfiguration sociale et économique de l’espace rural : exode, tertiarisation, rurbanisation…
Le rôle de la recherche et des chercheurs/chercheuses en tant que professionnels/professionnelles, politiques et citoyen/citoyennes : pistes de réflexion pour une(des) alternative(s).
Modalités de soumission des propositions
Les propositions de communication (format Word, Police Times New roman, 12), n’excédant pas 1500 caractères, espaces compris, doivent comporter Le nom, la fonction, le rattachement institutionnel et l’adresse électronique de (des) auteur·e(s), l’axe choisi, un titre significatif et 5 mots-clés.
Les propositions sont à adresser à lergpp2022 chez gmail.com avant le 30 décembre 2021
Calendrier
30 décembre 2021 : clôture de la réception des propositions ;
15 janvier 2022 : sélection des propositions et retours aux auteur.e.s ;
30 mars 2022 : envoie des textes par les auteurs (40.000 signes maximum) ;
15 avril 2022 : envoi du programme et des modalités pratiques de participation ;
13-14 mai 2022 (à confirmer) : Tenue du séminaire
Coordination scientifique-
Mohamed Elloumi : Directeur du Laboratoire d’Économie Rurale, INRAT, Tunis
Mustapha Jouili : Économiste, FSEG Nabeul, Laboratoire d’Économie Rurale, INRAT, Tunis
Mohamed Raouf Saïdi : Sociologue, associé Ladyss, GPP
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