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Appel
Date limite de soumission : dimanche 27 avril 2025
Dans le cadre de l’Année de la Mer à Nice (sept. 2024-sept. 2025), ce colloque prend le parti d’étudier, dans la longue durée, la pacification toujours incomplète de l’espace méditerranéen, y compris, voire surtout, lorsqu’il n’est pas officiellement en guerre.
Considérablement renouvelée depuis une trentaine d’années, l’historiographie sur la Méditerranée a beaucoup étudié la « grande mer »[1] au prisme des échanges et des connections, considérant à juste titre que l’« incommensurabilité culturelle »[2] y avait peu de sens. Les similitudes de connections et d’échanges ont été soulignées, permettant d’appréhender plutôt ce qui unit que ce qui sépare les hommes. À rebours de ces approches, le colloque de Nice fait le choix d’étudier les tensions et les frictions, plus ou moins perceptibles, qui définissent depuis toujours, et tout autant que les échanges, la Méditerranée. Au cœur des mobilités humaines et marchandes qui fondent des partenariats interconfessionnels et interculturels, s’expriment et perdurent en effet jusqu’à nos jours défiances, rumeurs, surveillances, rivalités, intolérances, exclusions, préjugés et fantasmes. Les manifestations de l’intranquillité méditerranéenne feront donc l’objet de cette rencontre scientifique, dès lors que les altérités et les tensions latentes, politiques, économiques, culturelles et cultuelles, nourrissent des sentiments de menace pouvant conduire à l’affrontement.
Le colloque s’organisera autour de trois axes qui illustrent une Méditerranée sur le qui-vive :
Inquiétudes. Cette thématique ciblera tout particulièrement la diplomatie, l’espionnage, la circulation des informations et des rumeurs, la méfiance et l’inquiétude des populations face à ce qu’elles considèrent comme une menace extérieure, les quotidiens de la peur et de la mise en défense. On privilégiera ce qui touche aux relations d’ambassades, aux correspondances consulaires, aux surveillances maritimes, aux fortifications, à l’établissement de cordons sanitaires, aux fantasmes de l’invasion et à la peur de l’étranger, de l’ « infidèle », de l’ « indigène », de l’immigré etc[3].
Fractures. L’axe s’intéressera aux rivalités proprement dites, lorsque les inquiétudes larvées cèdent le pas à des conflits ouverts : intimidations, déclenchement d’hostilités militaires et géopolitiques, concurrences économiques et marchandes, etc. Il visera à mettre en exergue, par une approche croisée des sources, les phénomènes de conflictualité en Méditerranée, dans un espace perçu différemment par les puissances et les différents acteurs (ordres militaires, régiments et lobbies coloniaux etc.) qui s’y sont déployés et affrontés : conception du Mare nostrum héritée des Romains et réactivée par les colonisateurs européens aux XIXe et XXe siècles[4], « bahr al Rum » pour les Arabo-musulmans, Mer blanche (akdeniz) pour les Turcs. Tour à tour, les empires et les royaumes, avant les nations européennes et leurs ambitions coloniales, entretiennent des rapports des forces qui peuvent déboucher sur des affrontements qui se prolongent lors de la guerre froide et de la décolonisation jusqu’à la période la plus contemporaine, comme le montre par exemple la récente guerre israélienne à Gaza.
Dominations. Les dominations étant de double nature, intérieures et extérieures, seront notamment ciblés les préjugés et représentations négatives dans les discours et les récits, ainsi que les formes de dominations intérieures qui remettent en question les idéaux et réalités du vivre-ensemble (exclusion, enfermement, contrôle, ghettoïsation, détestation, colonisation, racisme, expulsion, etc.). L’axe s’intéressera également aux formes extérieures des dominations (économiques et financières, militaires, politiques, culturelles) contre une ou des puissances ennemies, fondées notamment sur des conquêtes, suprématies militaires, culturelles ou économiques, des occupations et mises sous tutelle des territoires[5].
Adresses d’envoi :
anne.brogini chez univ-cotedazur.fr
majid.embarech chez univ-cotedazur.fr
yvan.gastaut chez gmail.com
Francesca.SIRNA chez univ-cotedazur.fr
Nombre de signes maximal : 3 000 signes
Eléments à joindre : Titre, résumé, CV rapide
Responsables
Anne Brogini, Histoire moderne, CMMC
Majid Embarech, Histoire contemporaine, CMMC
Yvan Gastaut, Histoire contemporaine, URMIS
Francesca Sirna, Sociologie, URMIS
Comité scientifique
Frédéric Abécassis, ENS Lyon
Anne Brogini, CMMC
Majid Embarech, CMMC
Yvan Gastaut, URMIS
Claire Marynower, Sciences Po Grenoble
Leila Maziane, Université de Casablanca
Francesca Sirna, URMIS
Notes
[1] David Abulafia, La Grande Mer : une histoire de la Méditerranée et des Méditerranéens, Paris, Les Belles Lettres, 2022 (trad. française).
[2] Sanjay Subrahmanyam, « Par-delà l’incommensurabilité : pour une histoire connectée des empires aux Temps Modernes », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, 2007/5, n°54-4 bis, p. 49-53.
[3] Frederick Cooper et Ann Laura Stoler (éd.), Tensions of Empire. Colonial Cultures in a Bourgeois World, Berkeley, University of California Press, 1997 ; Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, La fracture coloniale : La société française au prisme de l’héritage colonial, Paris, La Découverte, 2006.
[4] Paul Silverstein, « France’s Mare Nostrum : Colonial and post-colonial constructions of the French Mediterranean », The Journal of North African Studies, 2002, 7 (4), p. 1-22.
[5] Hubert Bonin, Silvia Marzagalli, James Sofka et John McCusker (dir.), Rough Waters. American Involvement with the Mediterranean in the Eighteenth and Nineteeth centuries, Liverpool, Liverpool University Press, 2010.
Colloque
Du 25 au 27 septembre 2025 (Nice)
Page créée le mardi 17 décembre 2024, par Webmestre.