Séminaire de recherche Geolab & Criham (Univ. Limoges) et ArScAN (Univ. Nanterre/Paris 1)

Ce séminaire est né en 2021 de la collaboration entre trois historiennes, issues d’univers différents, autour d’une thématique commune devenue presque marginale dans la communauté historienne.
En effet, alors que l’animal domestique est présent partout dans l’histoire, dans l’espace, et que le travail de l’animal se manifeste dans tous les secteurs de l’activité humaine depuis au moins 10 000 ans, on constate une certaine invisibilité de son histoire ancienne et récente, et même une relative indifférence des historiens pour la thématique, et en général pour les études rurales. Jean Marc Moriceau le déplorait déjà en 1999 et la décrivait comme « une question en renouvellement », et Eric Fabre, biologiste et historien, invité récent d’un séminaire du Criham, a confirmé cette « impression ».
L’élevage est pourtant une donnée, un enjeu, et une problématique déterminante de l’histoire rurale et urbaine, mais également de l’histoire coloniale : partout où le colonisateur s’est installé, il a cherché à améliorer, transformer, et rentabiliser les systèmes d’élevage locaux. La pression et l’imposition coloniales sur l’élevage ont eu et ont encore un très fort impact pas seulement environnemental, mais également économique, social et culturel.
Si les historiens ont donc délaissé cette problématique, le domaine a été en revanche, depuis longtemps investi par les historiens du secteur agronomique et zootechnique (en particulier en histoire coloniale) qui en sont souvent restés à une vulgate académique, centrée sur la productivité de l’animal domestique et les conditions pour la développer, peu lue par les autres disciplines. Le domaine est aujourd’hui largement occupé par les anthropologues, ethnologues, archéozoologues, etc. à travers notamment les problématiques du pastoralisme et du nomadisme.
Il était donc grand temps que les historiens se ressaississent de la question, et qu’ils le fassent cette fois sur un temps long, et dans une double perspective interdisciplinaire et comparée, à travers différents espaces culturels, politiques, sociaux et géographiques.
L’histoire de l’élevage est en effet l’histoire d’une très longue coévolution entre les besoins des hommes et les aptitudes des animaux, mettant en scène de nombreux acteurs, tous doués d’agentivité, qu’ils soient humains (pas seulement éleveurs, mais aussi maquignons, bouchers, bergers, etc), non humains (animaux, plantes, espaces, écosystèmes, paysages), tous façonnés par un enchevêtrement de relations et d’interactions. Une coévolution pourtant sans cesse contrariée, bouleversée par les guerres, les colonisations, les déplacements de population, les enjeux politiques, les crises climatiques, et pourtant toujours persévérante, résiliente, adaptative, ce qui fait d’elle non seulement un objet d’étude historique passionnant, mais également une source d’enseignements précieux pour faire face aux changements et aux crises qui s’annoncent.
Vive l’histoire de l’élevage !

Le séminaire qui compte déjà deux sessions (12 invités en 2022 et 2023) est organisé à Limoges et Paris (Nanterre/Paris1) par :
 Gaëlle Tallet, Professeure d’histoire grecque, (ArScAn, Univ. Nanterre/Paris 1), qui étudie le rôle et le fonctionnement des oasis en Egypte gréco-romaine
 Dominique Taurisson-Mouret, ingénieure de recherche CNRS, Geolab/Univ. Limoges, qui s’intéresse aux impacts environnementaux des colonisations, et notamment de la colonisation française sous le 2e Empire colonial au Maghreb, en Afrique subsaharienne et en Indochine.
 Soazig Villerbu, Professeure d’histoire contemporaine (Criham, Univ. Limoges), spécialiste de l’Ouest américain et de ses pratiques d’élevage, convertie à l’histoire de l’élevage bovin local depuis qu’elle a rejoint Limoges

(Ont déjà été reçus, Patrice Poujade (Univ. Perpignan), Boris Cattan (Univ. Paris 1), Opale Robin (Inrap), Dominique Fayard (Projet UNESCO), Raphaël Devred (UVSQ Paris-Saclay), Joséphine Moulier (Univ. Clermont-Auvergne), Malik Mellah (IHMC, Paris), Roxane Cesarini (Univ. Aix-Marseille), Mélanie Le Couédic (Univ. Pau), Jérémy Clément (Univ. Paris Nanterre), Isabelle Pernin (Univ. Aix-Marseille), Christophe Chandezon (Univ. Paul-Valéry, Montpellier)