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Appel
Date limite de soumission : lundi 10 juin 2024
Colloque international (hybride) /2e édition coordonné par Latifa SARI M. & Souad BERBAR
Ce colloque s’inscrit dans une perspective interdisciplinaire préconisant des questionnements autour de l’altérité et ses représentations dans la pensée contemporaine entre Orient/Occident.
L’identité est sans conteste le produit des interactions sociales selon A. Mucchielli (Alex Mucchielli, L’Identité, Paris, PUF, 1992, p. 127), la construction de l’identité est donc inséparable de la notion d’altérité. Elle est un processus que nous construisons dans le contact avec les autres : « par identifications et différenciations successives à ce qu’ils sont, à ce que nous croyons qu’ils sont et à ce que nous percevons de l’image qu’ils ont de nous. » (Dominique Picard, Quête identitaire et conflits interpersonnels, Revue Connexions, N°89, 2008, p. 82). On voit bien là toute l’ambiguïté que comporte la notion d’altérité car, si l’autre est spontanément ressenti comme une menace pour notre moi, l’étranger, lui, menace notre identité à la fois collective et de fond : l’altération au sens moderne débouche dans nos fantasmes sur une aliénation qui nous met radicalement en cause. Pourtant, le moi peut-il se construire sans un rapport à l’autre, et notre identité primordiale n’est-elle pas celle d’un autre qui nous "étrange à nous-même" (Du Bellay) pour mieux nous dévoiler ? » (Arturo & Carlos Horcajo, La question de l’altérité du XVIe siècle à nos jours, Editions Ellipses, 2000, p. 17). Autrement dit, l’altérité peut s’effectuer dans la réciprocité, l’échange et le respect mutuel ou bien s’inscrire dans la lutte, le conflit et la violence.
Les études consacrées à la question de l’altérité et à ses corollaires, l’étrangeté, la discrimination, l’inclusion, l’exclusion sont d’une importance considérable, leur potentiel a pu nourrir des réflexions scientifiques et a fait couler beaucoup d’encre chez bon nombre d’écrivains, de sociologues, de journalistes, de politologues et d’ethnologues. Les représentations en question qui fabriquent l’image de l’Autre sont alimentées par un imaginaire qui se nourrit en partie de représentations empruntées au passé historique, en l’occurrence le colonialisme et l’impérialisme, et d’autres qui sont nées face à un nouvel imaginaire à l’aube de ce troisième millénaire.
Au-delà des débats médiatiques et des prises de position qui touchent à des conceptions sociales réductrices (ex : le voile islamique, l’intégrisme, le fanatisme), on constate que les conflits entre l’Occident et le Moyen Orient s’accentuent ces dernières décennies permettant aux canaux de transmission de l’information de forger des étiquettes stéréotypées des deux antagonistes (Occident/Orient) en multipliant les facteurs de leur diffusion, des réactions de rejet ou d’affirmation, voire de raidissement identitaire qu’elles provoquent.
Le regard de l’Occident est hanté par cet étranger proche et intime : l’Orient. Il ne cesse d’alimenter ce regard de représentations péjoratives en collant l’étiquette de fanatiques, barbares, intégristes et terroristes, et excluant tout dialogue. La pensée d’Edward Saïd sur la construction imaginaire de l’Orient, explique mieux cette vision dans son Orientalisme (Edward Saïd, L’Orientalisme : l’Orient créé par l’Occident, trad. de l’anglais par Catherine Malamoud, Paris, Seuil, 1980, p. 3). Il nous montre comment l’Occident a façonné l’image de l’Orient de sorte que ce dernier demeure inférieur et soumis : « l’Occident a précisé son identité en se démarquant d’un Orient qu’il prenait comme inférieur et refoulé. » Saïd tente d’instaurer à travers son discours une structure de pensée sous-jacente au colonialisme. Il tend à déconstruire des dichotomies stéréotypiques qui se sont constituées dans la pensée occidentale et qui ont contribué à valoriser l’identité de l’un et dévaloriser celle de l’autre, à savoir les Autres et l’Occident, les primitifs et les civilisés, les développés et les sous-développés, etc. La déconstruction de l’image négative fabriquée par l’Occident sur l’Orient, a été l’objectif principal de Saïd : « L’Orient en lui-même, précise-t-il, n’existe pas, il a été produit par le discours orientaliste qui l’a constitué comme obscur, barbare, mystérieux, exotique, féminin et adonné à la sensualité » ; et ce sont ces discours et ces préjugés qui semblent ainsi participer négativement à la fabrique de l’identité arabo-musulmane.
Nous notons à cet égard que le Monde Arabe vit actuellement sur la défensive, tant il est préoccupé par le souci de détruire les images stéréotypées véhiculées par les médias occidentaux et d’affirmer son identité considérée comme constamment agressée. Il est temps de dévoiler l’Histoire des deux côtés (Orient/Occident) et par là-même réhabiliter la vraie identité d’un Orient actuellement fracturé et dés-orienté. En établissant des comparaisons entre le passé et le présent, le colloque insiste sur le regard que porte le monde oriental sur l’Histoire des pays du Levant : « […] raconter l’Histoire vue de l’autre côté, c’est-à-dire du côté où l’on n’a pas l’habitude de l’entendre » (Maalouf : 2001)
Plusieurs questions nous interpellent dans cet événement scientifique : comment peut-on définir l’identité d’un individu ou d’une société dans le mouvement des échanges et des interactions humaines ? Comment peut-on rendre compte du poids de la mondialisation/occidentalisation sur les crises identitaires et les conséquences que pourrait engendrer ce phénomène à savoir l’étrangeté, la discrimination et le préjugé ? Ajoutons à cela, les événements et les conflits sociopolitiques qui ont marqué et qui marquent jusqu’à ce jour l’imaginaire occidental et qui ont permis aux médias sociaux de diffuser des images stigmatisant l’Autre, l’enfermant dans des clichés péjoratifs.
Jusqu’ici, l’Occident s’est plutôt enfermé dans sa vision orientaliste en se rendant imperméable aux influences orientales. En d’autres termes, concevoir tous ces conflits avec la manière qu’Edward Saïd cite dans son livre : « Ce que je cherchais dans L’Orientalisme, c’était une nouvelle manière de concevoir les séparations et les conflits qui ont stimulé pendant des générations l’hostilité, la guerre et le contrôle impérialistes » (E. Said)
A la lumière des changements économiques, sociopolitiques et géostratégiques qu’a connus le monde oriental ces dernières décennies et qui continuent de modeler la réalité contemporaine, nous nous interrogerons, lors du colloque, sur les nouvelles représentations de l’Autre véhiculées par l’imaginaire littéraire et artistiques, par les discours gouvernementaux, les réseaux sociaux et les mass media occidentaux et orientaux.
Ce colloque a pour objectif d’articuler sa thématique autour des axes suivants :
La représentation de l’Orient et de l’Occident à travers les événements historiques (passé/présent) ;
La conceptualisation de l’Autre à l’ère du Global (Orient/Occident) ;
Théories orientalistes/néo-orientalistes et représentations de l’Autre dans les systèmes socio-politiques, médiatiques et éditoriaux : quelle lecture interprétative ?
L’évolution des connaissances et l’organisation socio-géopolitique aujourd’hui : comment faut-il comprendre la situation conflictuelle et l’impact de l’Occident sur le Proche/Moyen Orient (Monde Arabe) ?
L’altérité dans la littérature et les genres artistiques : arts du spectacle, arts visuels, arts cinématographiques, arts plastiques (Orient/Occident).
Modalités de participation
Langues du colloque : Français, Anglais
Les propositions de communication (environ 300 mots) comportant un titre et un résumé, cinq mots clés et une courte notice biobibliographique devront être adressées labolanguesllc chez gmail.com et berbar.souad chez gmail.com avant le 10 juin 2024
Les propositions seront examinées par le comité scientifique du colloque. Les participants préciseront l’axe dans lequel ils inscrivent leur projet de communication. Le programme définitif sera arrêté le 15 octobre 2024. À l’issue du colloque, le comité scientifique sélectionnera les communications qui feront l’objet d’une publication.
Colloque
19-20 novembre 2024 (Les 30 Laboratoires, Université de Tlemcen)
Page créée le lundi 8 avril 2024, par Webmestre.