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Vendredi 28 août 2020
« L’ouvrage est constitué de trois volumes, à paraître en 2019. Le premier, intitulé L’Inde entrevue, est consacré aux deux Compagnies, celle de Colbert et celle de Law, aux comptoirs et à leur commerce, à la politique de Dupleix et à la rivalité franco-britannique, qui se termine par la mainmise de l’East India Company et à l’éviction complète des intérêts français dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, des officiers napoléoniens qui administrent le royaume sikh du Punjab et des missionnaires catholiques entretiennent une présence française dans un pays où la France ne joue plus aucun rôle. Elle végète dans ses misérables comptoirs jusqu’au Second Empire quand, grâce aux progrès du libre-échange au Royaume-Uni, grâce à l’essor de l’émigration indienne aux colonies à sucre, grâce à son industrie textile, Pondichéry connaît un spectaculaire renouveau.
Le second volume traite de la politique d’assimilation de la Troisième République dans ses comptoirs, dont tous les habitants sont dès 1871 proclamés citoyens et électeurs sans distinction de couleur, de religion ni de caste. Imposée sans concertation préalable par le pouvoir central, cette politique qui se veut décentralisatrice produit des effets désastreux, conférant le pouvoir à un parti indien réactionnaire et antifrançais, puis, à partir de 1906, à de véritables maffias politiques. Les effets de l’assimilation se font sentir jusqu’au dernier moment : héritière de sa devancière, la IVe République ne peut céder ses établissements à l’Inde de Nehru sans consulter leurs habitants qui sont des citoyens français. Or, le parti du Congrès ne veut pas d’un référendum.
Le troisième volume est consacré aux regards et aux influences. Y sont analysées les représentations de l’Inde en France, l’image et l’influence de la France en Inde, les perceptions du nationalisme indien en France et les relations bilatérales après l’indépendance de l’Union indienne. »
Tome 1 : L’Inde entrevue, 2019
Tome 2 : Les comptoirs sous trois Républiques (1870-1963), 2020
« Évincée des Indes et confinée dans ses minuscules comptoirs, la France y suit entre 1816 et 1871 une politique indigène prudente, respectueuse des cultes et des castes, des usages et des coutumes, qui lui vaut, sinon l’adhésion, du moins la confiance des Indiens. Renouant avec le dogme révolutionnaire de l’assimilation par les institutions, la Troisième République rompt avec cette politique en invitant les Indiens à élire au suffrage universel, sans distinction de couleur, de religion ni de caste, un député et un sénateur, un conseil général et des conseils municipaux. Imposée sans concertation préalable et sans la moindre tentative d’assimilation culturelle, cette politique, qui se veut décentralisatrice et émancipatrice des intouchables, produit des effets désastreux, conférant le pouvoir à un « parti indien » bien décidé à asseoir la domination des hautes castes. Dans les années 1890, un « parti français » s’allie aux basses castes et aux musulmans pour évincer l’oligarchie hindoue. Dès lors, chaque élection donne lieu à de gigantesques fraudes et à des violences meurtrières entre castes et communautés.
C’est parce que la minuscule Inde française est devenue la terre des fraudes et des violences électorales, que le parti du Congrès peut s’opposer à l’organisation d’un référendum d’autodétermination après l’accession de l’Union indienne à l’indépendance en 1947.
Le traité de cession ne sera signé qu’en 1956, mais dès avant le transfert de facto du 1er novembre 1954, l’essentiel est décidé : les ressortissants des comptoirs auront la faculté d’opter pour la France, ce que feront quelques milliers d’entre eux, à l’origine de la communauté franco-pondichérienne ; les anciens Établissements français, Pondichéry, Karikal, Mahé et Yanaon, dont les habitants sont attachés à leur particularisme seront érigés en Territoire de l’Union indienne ; les institutions culturelles françaises seront maintenues et contribueront au cachet de Pondichéry, dont la géométrie urbaine et la French Touch attirent aujourd’hui des visiteurs indiens et français de plus en plus nombreux. »
Tome 4 : La France et l’Union indienne
Jacques Weber est Professeur émérite d’Histoire contemporaine à l’Université de Nantes. Membre titulaire du Centre de Recherches sur l’Histoire du Monde Atlantique (EA 1163), membre associé du Centre d’Études de l’Inde et de l’Asie du Sud (EHESS/CNRS), membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer.
Page créée le jeudi 22 avril 2021, par Dominique Taurisson-Mouret.