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Appel
Date limite de soumission : lundi 14 février 2022
Le Groupe de recherches sur les ordres coloniaux (GROC) organise les 7 et 8 juillet 2022, aux Archives nationales d’Outre-mer, un rendez-vous d’histoire coloniale. La première de ces deux journées, universitaire, sera consacrée à des communications scientifiques et des ateliers de recherche. La seconde sera quant à elle dédiée à la diffusion des savoirs, à travers notamment des projections et des visites urbaines.
L’histoire impériale et coloniale de ces trois dernières décennies a montré un intérêt croissant pour les « figures de l’entre-deux » de la colonisation, la « capacité d’agir » des colonisé.e.s, les « intermédiaires » de la colonisation, les « métissages » et les « hybridations »[1] en situation coloniale. Un demi-siècle après la vague des indépendances des années 1960, il s’agissait, notamment, de ne pas résumer les histoires nationales des territoires jadis sous domination coloniale à cette exclusive caractéristique. Ces perspectives ont certes beaucoup apporté à la compréhension de formes de résistances quotidiennes, parfois qualifiées d’ « infra politiques »[2], des populations dominées en situation coloniale, ainsi qu’à la complexité de l’articulation de pouvoirs concurrents, ou encore à l’inégale perception et l’inégale réception selon les contextes de la présence coloniale.
Pour autant, elles ont aussi pu impliquer, par une focale principalement portée sur des trajectoires biographiques, des parcours individuels, des interactions très localisées, un recul en termes de conception des rapports de force et de répartition des champs des possibles des acteurs. L’intérêt pour les formes d’autonomie des colonisé.e.s a ainsi pu conduire à une forme de relativisme de la domination, conduisant par exemple à qualifier la colonisation de « parenthèse »[3]. En somme, les frontières de la domination coloniale seraient à relativiser car elles n’étaient pas absolues.
L’objectif de cette journée d’étude sera donc de réinvestir la question de la domination, liant l’étude des interactions micro à leurs dispositions globales. Il s’agira ainsi de questionner la production et la reconduction des dominations coloniales dans les interactions entre acteurs.trices. Il conviendra ainsi de réinterroger, à l’aune de la question de la domination, les notions d’hybridation et de capacités d’agir, en les considérant comme des pratiques aux cadres contraints. Les études sur les interactions (incarnées par les Colonial Studies) et les perspectives critiques de la domination (qu’il s’agisse des Postcolonial ou des Critical Race Studies par exemple)[4] ont en effet tendance à rester sourdes les unes aux autres. Or, ces interactions, au cœur des rapports de domination impériaux, sont constitutives des positions de colonisateur.trice(s) et de colonisé.e(s).
Les propositions de communications, de moins de deux pages, seront envoyées avant le 14 février 2022 à journeegrocanom chez gmail.com. Elles devront brièvement résumer la communication proposée, indiquant notamment les sources exploitées et les acteurs et actrices mentionnées. Le rendez-vous est ouvert à toutes études, sans exclusive chronologique ou géographique. Les propositions comporteront également une brève biographie de l’auteur.trice de la communication. Le transport et l’hébergement seront à la charge des participant.e.s.
[1] Ces notions sont, par exemple, au cœur de Neil Lazarus, Penser le postcolonial : une introduction critique, Paris, Amsterdam, 2006.
[2] Dans le sillage de James C. Scott, La domination et les arts de la résistance : fragments du discours subalterne, Paris, France, Amsterdam, 2019.
[3] Mamadou Diouf, « Sortir de la parenthèse coloniale », Le Débat, 2002, vol. 118, nᵒ 1, p. 59‑65.
[4] Emmanuelle Sibeud, « Du postcolonialisme au questionnement postcolonial : pour un transfert critique », Revue d’histoire moderne et contemporaine, janvier 2007, vol. 4, nᵒ 54‑4, p. 142‑155.
Colloque
Du 7 au 9 juillet 2022 (Archives nationales d’outre-mer)
Cette manifestation se déroulera en deux temps :
7 et 8 juillet : journées d’étude « Être colonisateur·rice, être colonisé·e » (A.N.O.M)
9 juillet : journée de recherche « hors les murs » autour du thème « Marseille, ville coloniale et impériale », proposant une balade patrimoniale dans Marseille avec l’association Ancrages, suivie d’une table ronde en collaboration avec des membres du programme de recherche "Mars-Imperium" de l’université d’Aix-Marseille.
Les inscriptions sont obligatoires, et sont à faire parvenir à journeegrocanom chez gmail.com
Un live tweet est prévu sur le compte @groc_n_roll
PROGRAMME
Jeudi 7 juillet 2022 – 14h-17h
Panel 1 – Travail, travailleurs et pratiques de contrôle discuté par Iris Seri-Hersch
Samuel TRACOL (CRHXIX, Sorbonne Université), Administrer le bagne : les agents antilloguyanais de l’Administration Pénitentiaire Coloniale (1852-1953).
Armel CAMPAGNE (Institut européen universitaire), L’économie morale de la domination salariale et coloniale. Monopole de la violence "légitime" et rapports de classe "bienveillants" dans les mines de charbon du Vietnam colonial, 1897-1937.
Chloé ROSNER (UMR TEMPS), Les acteurs de l’archéologie en Palestine mandataire.
Panel 2 - Au chevet de l’empire ? Soins, discipline et enjeux d’identification discuté par Silvia Falconieri
Christine OROBITG (Aix Marseille Université, UMR TELEMME), Discours médical et transferts de pouvoir vers les élites créoles (Mexique, fin du XVIe siècle).
Gaëlle ANTISTE (Université de Paris-CERLIS et EHESS-CIRESC), Soigner « les rebus de la société » et former de bonnes domestiques : Les soeurs de Saint-Paul de Chartres en Martinique, entre apostolat et mission civilisatrice (1848-1860).
Paul MARQUIS (IMAF et Centre d’Histoire de Sciences Po), Un face-à-face colonial ? Les entretiens médicaux à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville (Algérie, 1933-1962).
Vendredi 8 juillet 2022 – 9h-15h
Panel 3 – Contourner, confronter et conforter les dominations
Clémence LEOBAL (CNRS, Lavue), Une ethnologue au sein de l’administration du territoire de l’Inini : science, care et intimité dans la Guyane postcoloniale.
Martino OPPIZZI (IHTP), La question coloniale au sein de la communauté juive livournaise de Tunisie (1930-1956) : de l’insouciance à une conscience critique.
Anna NASSER (Scuola Superiore Meridionale), Eliminating slavery and protecting the empire : Jane Vialle’s role at the UN Ad Hoc Committee on Slavery, 1949-1951.
Panel 4 – Élites locales et administrations coloniales : une convergence d’intérêts ?
Simon DESCHAMPS (Université Toulouse 2 – Jean Jaurès), La loge maçonnique comme espace de médiation : le cas de la communauté parsi de Bombay à la fin du XIXe siècle.
Ziqi WU(EHESS), Negotiating with French Colonial Governance : Chinese Merchants and Local Society in Guangzhouwan from 1900 to 1920s.
Myriam YAKOUBI (Université Toulouse 2 – Jean Jaurès), La coopération entre les Britanniques et les Hachémites au Moyen-Orient (1914-1958) : Interactions locales au service d’une domination régionale.
Panel 5 – Devenir colonisateur ? Ambiguïtés et bénéfices des circulations impériales discuté par Sara Legrandjacques
Maud DRUAIS (Université de Paris-URMIS et l’université Laval au Québec-CIERA), L’approche micro-historique de la trajectoire de vie d’un colon libre en Nouvelle-Calédonie.
Rachid OULAHAL (Université de La Réunion – Laboratoire DIRE), Les transportés algériens de Nouvelle-Calédonie - Mémoires et traces d’une colonisation subie et agie.
Darlène KUYU (ENS-PSL, EHESS), Les étudiants « coloniaux » philippins à Madrid dans le dernier tiers du XIXe siècle (1869- 1898) : des colonisés comme les autres ?
Samedi 9 juillet 2022 – Marseille Journée « Recherche hors les murs »
MATINÉE
Balade patrimoniale dans Marseille avec l’association Ancrages
« Marseille, de la capitale coloniale à la ville-monde »
L’association Ancrages propose de revenir sur les événements liés à l’histoire de la ville de Marseille, en relation avec le fait colonial et impérial – construction du port de la Joliettes, expositions coloniales, migrations post-coloniales… La balade patrimoniale propose d’en souligner les traces urbaines, d’interroger le patrimoine statuaire de Marseille, en s’interrogeant sur la façon dont la colonisation a façonné la ville de Marseille.
APRÈS-MIDI
Table-ronde « Marseille, ville coloniale et impériale » avec :
Vincent BOLLENOT (SIRICE)
Julie RATEAU (TELEMMe)
Céline REGNARD (TELEMMe)
Pauline SAVEANT (TELEMMe)
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