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Séances de séminaires terminées
Vendredi 9 novembre 2018, 16 h-19 h : J. Heurtault (EHESS), D. Nativel (Univ. Paris-Diderot/CESSMA), « Élie ou les forges de la liberté (2011) : une révolte d’esclaves de la Réunion du début du XIXe siècle à l’écran. Regards croisés d’anthropologie et d’histoire »
L’analyse d’un documentaire-fiction portant sur un moment historique dans le contexte esclavagiste de l’île de la Réunion, permet de rendre compte de l’imbrication entre mémoire et histoire de l’esclavage. Entre transmissions de mémoires et sources d’archives historiques, cette révolte fait l’objet aujourd’hui de revendications identitaires, politiques et mémorielles menées par des groupes de « militants culturels » de l’île et de recherches historiques par des chercheurs et des militants. A travers ce documentaire-fiction, il s’agira de saisir les processus de constructions identitaires de ces « passeurs de mémoire » qui bâtissent leurs identités collectives au regard d’un passé commun. Nous nous demanderons quel rôle jouent des historiens professionnels dans cette représentation du passé et plus largement dans cette exploration militante de l’histoire esclavagiste de l’île.
Vendredi 23 novembre 2018, 16 h-19 h : A. Guégan (Univ. Paris-Est Marne-la-Vallée / LISAA), « Les enjeux de la représentation de l’esclavage aux États-Unis »
« A travers la projection des scènes types (la maison du maître et le travail au champ ou encore la culture et la résistance chez les esclaves) qui sont autant de passages obligés, il s’agira de montrer l’évolution de la représentation de l’esclavage dans le cinéma hollywoodien. Loin d’y voir un long cheminement progressif et positif, répondant à un contexte social directement lié à la place des Noirs dans la société américaine et surtout aux conditions socio-économiques imposées par la machine hollywoodienne, la représentation de l’esclavage s’est faite en dents de scie. Dans un pays où l’esclavage est trop souvent absent de la mémoire collective et publique, lorsque des longs-métrages remettent en cause la vision idéalisée du Vieux-Sud et de la servitude, il faudra s’interroger sur la résonance toute particulière de ces œuvres de fiction dans la communauté africaine-américaine en se demandant si elles ne contribuent pas à former une contre-mémoire. »
2e et 4e vendredis du mois de 16 h à 19 h (salle 6, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 9 novembre 2018 au 14 juin 2019. Pas de séance le 14 décembre 2018 et le 10 mai 2019. Séance supplémentaire le 21 juin (même horaire, même salle)
Ce séminaire commun aux centres Mondes américains et IMAF de l’EHESS et au CIRESC (CNRS) tend à discuter les recherches les plus récentes sur l’esclavage et le postesclavage tout en proposant une réflexion sur des outils de restitution de la recherche, notamment l’image. Il s’organise en deux volets qui peuvent être considérés soit comme complémentaires soit indépendamment l’un de l’autre. Magali Bessone (professeure à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Antonio de Almeida Mendes (maître de conférences à l’Université de Nantes), Jean Christophe Monferran (ingénieur d’études au CNRS), Ary Gordien et Klara Boyer-Rossol participent à l’animation de ce séminaire.
Le premier volet est intitulé : Citoyenneté, agentivité et réparations
Il s’articulera autour de la question de la place des esclavisés, des affranchis, des « nouveaux libres » et de leurs « descendants » dans le monde atlantique. Quel a été le fondement de leurs accessions à la citoyenneté ? Pourquoi et comment a-t-on offert, limité, puis parfois repris, la citoyenneté aux anciens esclavisés ? Comment la race et la citoyenneté se sont-elles combinées ? En quoi le républicanisme des révolutionnaires atlantiques était-il universel, en quoi offrait-il des libertés graduelles ? Comment envisager l’agentivité des sujets dans un espace de coercition ? Comment analyser les révoltes d’esclavisés, de « libres de couleur » ou d’affranchis ? Quels sont les modèles de contestations et les revendications exprimées par exemple à partir des sources judiciaires, des récits de planteur, des organisations de « descendants d’esclaves » ?
Les séances s’articuleront autour de ces problématiques en intégrant des débats historiographiques et plus contemporains. Il s’agira ainsi d’interroger tant la sortie de l’esclavage que les mobilisations actuelles autour de réparations liées à l’esclavage. Des séances de lecture de textes sur les réparations au titre de l’esclavage atlantique et dans l’Océan Indien se feront en coordination avec les chercheurs du programme de l’ANR REPAIRS « Réparations, compensations et indemnités au titre de l’esclavage (Europe – Amérique – Afrique) (XIXe-XXIe siècle) ».
Le second volet est intitulé : Regarder et réaliser des films sur l’esclavage
Il s’agira d’une part d’analyser des films documentaires et de fiction ayant pour sujet principal les traites négrières et les usages sociaux contemporains – religieux, mémoriels, politiques, identitaires, touristiques – du passé esclavagiste ; d’autre part, de former les étudiants à l’enquête filmique au sein de situations contemporaines affectées par ce même passé.
Au cours des séances, nous interrogerons à la fois la généalogie de diverses visions de l’esclavage (au sens littéral et figuré) ainsi que les questions de méthode concernant la recherche, l’écriture, le tournage et le montage. Il s’agira également de cerner les enjeux inhérents à la production et à la diffusion de matériaux audiovisuels sur des sujets susceptibles d’être socialement et politiquement "sensibles". Pour ce faire, nous envisagerons les éléments spécifiques à l’élaboration d’un récit documentaire : enquêter et filmer sur des lieux dits de mémoire ; saisir et problématiser dans ces lieux les narrations locales conjointement au processus de patrimonialisation et de monumentalisation (avec ses oublis) à l’œuvre ; restituer à l’écran les discours locaux et institutionnels sur les traces archéologiques in situ ; analyser les postures significatives d’un « jeu d’acteur(s) » ; suivre et enregistrer avec la caméra des manifestations publiques et des pratiques cérémonielles ; réfléchir au rapport entre filmants et filmés.
Page créée le vendredi 2 novembre 2018, par Dominique Taurisson-Mouret.