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Jeudi 22 août 2019
« Si l’exclusion des indigènes de la participation politique dans le monde colonial est aujourd’hui largement connue et expliquée, nous en savons par contre bien moins sur l’accession des populations issues du peuplement des colonies au statut de citoyens, et dans quels contextes et conditions, ils ont su développer un sentiment d’appartenance à l’État-nation, fût-il colonial. C’est cet angle-mort de la connaissance sur l’époque coloniale que cet ouvrage prétend éclairer.
Comprendre, à partir des deux cas exemplaires de colonies de peuplement françaises que furent l’Algérie et la Nouvelle-Calédonie, comment les Français d’Algérie et les Caldoches sont devenus citoyens. Pour cela, cette étude revient sur les classifications juridiques produites au sein de l’État colonisateur (ethniques ou confessionnelles) et réfléchit à leurs sens pour identifier les populations. Cette démarche implique de repenser la sociologie historique de la citoyenneté en contexte colonial. En effet, tandis qu’en métropole l’apprentissage de la citoyenneté repose sur la promotion d’une participation politique individuelle, libre, éclairée et coupée des solidarités locales, sur le terrain algérien ou néocalédonien, les Français citoyens accèdent à la participation politique par le biais de leur appartenance à des groupes particularisés, et en concurrence avec d’autres dans des sociétés largement ethnicisées et/ou racialisées.
Dans ces conditions, si le projet des colonies de peuplement reste la dissolution de la question indigène, le passage à la modernité politique et à la citoyenneté électorale s’y réalise loin de l’universalisme et de l’individualisme républicain valorisés en métropole. L’apport de ce livre est de mettre en exergue ces évolutions paradoxales de la « fabrique coloniale du citoyen » par rapport à celle de la métropole. »
Éric de Mari est professeur d’histoire du droit à l’Université de Montpellier, faculté de droit et de science politique, et directeur du laboratoire Dynamiques du droit (UMR 5815). Il est directeur du groupe d’Histoire du Droit des Colonies (HDC) et président de l’Association Française du Droit des Colonies (AFDC).
Éric Savarese est professeur de science politique à l’Université de Montpellier, chercheur au CEPEL (UMR 5112), responsable pédagogique du Master 1 de science politique, et président de la section de science politique à la faculté de droit et de science politique.
Ont contribué à cet ouvrage : Chantal Bordes-Benayoun, Emmanuelle Comtat, Olivier Devaux, Martine Fabre, Pierre-Jean Le Foll-Luciani, Jean-Robert Henry, Éric Soriano, Benoît Trépied, Anne Ulrich-Girollet.
Page créée le jeudi 22 août 2019, par Dominique Taurisson-Mouret.