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Appel
Date limite de soumission : vendredi 31 janvier 2025
La place des archives dans le travail de l’historien impose une réflexion constante sur leur constitution, leur pertinence, leur accessibilité et leur disponibilité. Cette réflexion doit d’ailleurs être envisagée en amont de l’enquête historienne pour en déterminer la faisabilité, l’absence de sources pouvant être rédhibitoire. Dire que les archives sont essentielles à la recherche historique est alors axiomatique. C’est sur les archives historiques (qu’elles soient écrites, audiovisuelles ou orales, publiques ou privées, physiques ou dématérialisées, classées ou en vrac), ce que l’on qualifie de documents (correspondances, aux mémoires de personnalités publiques, aux comptes rendus de réunions, aux rapports administratifs, etc.) ou de sources primaires, que l’on doit se pencher pour déterminer l’originalité d’une recherche en histoire et la pertinence du récit que l’on reconstitue. La compilation et la confrontation de la littérature contemporaine ne sont que complémentaires à l’étude du document et ne sauraient la remplacer. La tâche de l’historien consiste donc en grande partie à visiter les fonds d’archives, à en consulter les documents et à en tirer des données originales susceptibles de vivifier la connaissance du passé. Cela implique pour lui, dans un souci d’efficience, de maintenir un intérêt constant pour l’archivistique.
Il faut relever, dans le cas du Cameroun, les dysfonctionnements qui rendent inaccessibles les archives à différents niveaux : les Archives nationales de Yaoundé sont ainsi fermées au grand public de manière discontinue depuis 2016. À une échelle déconcentrée, les récits se multiplient d’archives publiques – souvent de préfectures ou de sous-préfectures – brûlées au motif d’être devenues encombrantes. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les mécanismes de versement, supposés garantir le transfert des documents produits par différents services vers les services dédiés à leur archivage, sont en panne. Au demeurant, les difficultés d’accès aux archives physiques imposent aux chercheurs d’explorer sans cesse de nouvelles sources de documents, notamment en ligne. Si cette dernière tendance est favorisée par les progrès de l’archivage numérique, elle soulève parfois des préoccupations profondes sur la gouvernance des archives et sur leur validité historique, du fait de la circulation incontrôlée de documents sur Internet.
L’importance des archives se traduit pourtant, dans certains pays, par l’existence d’une législation ou par son actualisation. C’est le cas au Nigéria (1957, 1992, 2004), en Côte d’Ivoire (1976), au Botswana (1978, 2007), en Tunisie (1988), au Niger (1997), au Gabon et au Sénégal (2006) ou au Cameroun (2000, 2024). Sa mise en œuvre – souvent insuffisante – pourrait servir à expliquer les défaillances des systèmes nationaux d’archivage à travers l’Afrique. Au Cameroun, la loi n° 2024/001 du 24 juillet 2024 régissant les archives a l’ambition de poursuivre la réforme de l’organisation et de la conservation du patrimoine archivistique national. Elle introduit par exemple une section sur les infractions et les sanctions. Cette législation saisit bien les enjeux autour des archives en disposant que celles-ci sont « conservés dans l’intérêt public, tant pour des besoins de gestion et de justification des droits des personnes physiques ou morales, publiques ou privées, que pour la documentation historique » (article 2). Permettra-t-elle cependant d’atténuer chez les gestionnaires d’organisations diverses l’association de la figure de l’historien lancé à la quête de sources à celle du policier à la quête de preuves [compromettantes], amalgame qui explique en partie l’inaccessibilité des archives dans ce contexte ?
Ce volume de Grassfields. Revue des sciences historiques vise à porter un questionnement pratique : quelle est la situation des archives, autant des fonds que de leurs documents, en Afrique ? Comment, d’un point de vue méthodologique ou pragmatique, dépasser les difficultés d’accès aux archives que l’on envisageait ? Quels sont les fonds d’archives, à travers le continent ou à l’étranger, accessibles et susceptibles d’aider à retracer l’histoire de l’Afrique ? Les contributeurs à ce volume pourront par exemple :
analyser la définition et la mise en œuvre des politiques publiques en matière d’archivage ;
décrire des fonds d’archives (institutions, entreprises, personnalités, etc.) et montrer le potentiel de leur exploitation en matière de recherche historique ;
discuter de leur statut, notamment le caractère imprécis des archives privées ou la frontière évanescente entre l’archivage électronique et la circulation de documents sur les réseaux sociaux ;
discuter, d’un point de vue méthodologique, de l’usage des archives dans la recherche en sciences humaines et sociales ;
esquisser les perspectives de classement, de dématérialisation, de la valorisation ou de formation dans le domaine des archives.
En tout état de cause, ce volume veut croiser les expériences en matière d’accès aux archives pour en proposer une approche pragmatique.
Modalités de soumission
Faire parvenir votre article à la rédaction de la revue Grassfields, simultanément à grassfieldsredaction chez gmail.com et williamspokam chez gmail.com avant le 31 janvier 2025.
Les articles doivent être accompagnés d’un résumé en français ou en anglais, d’une longueur maximale de 500 mots.
Page créée le lundi 9 décembre 2024, par Webmestre.