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Appel
Date limite de soumission : vendredi 7 février 2025
Colloque international organisé à l’Université d’Antananarivo (Madagascar) les 5 et 6 juin 2025 (Faculté des Lettres et Sciences Humaines) avec le soutien de l’IRN COUNT CNRS-INSHS, ANR-21-CE41-0012 COCOLE, International Associed Laboratory (LAI) Universités de Gand et de Lille, AUF programme IntenSciF et l’IDHE.S Paris8
D’après les statistiques internationales Madagascar est aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres de la planète. Toutes les statistiques le confirment, mais ne doit-on pas s’interroger sur la nature et sur le sens de ces indicateurs ? Les moyens humains et financiers dont dispose l’Institut national de statistique malgache (INSTAT) pour organiser des enquêtes et des recensements sont limités. Ces opérations dépendent le plus souvent du bon vouloir d’organisations internationales qui imposent leurs propres méthodes et leurs critères pour évaluer le niveau de développement ou la pauvreté par exemple, et retiennent des standards internationaux.
L’équipement des ménages en chaise[1] est ainsi compté parmi les indices de développement. Or, la dernière enquête périodique de l’INSTAT organisée en 2010 auprès des ménages (EPM) constate que « les possessions de natte et de chaise sont deux phénomènes mutuellement exclusifs », les chaises étant plus fréquentes dans les villes et les nattes dans les campagnes [2]. L’INSTAT critique ainsi à mi mot un indicateur qui ne tient pas compte du fait que les modes de vie diffèrent selon le lieu de vie.
Le colloque organisé à l’Université d’Antananarivo les 5 et 6 juin 2025 vise à susciter une réflexion collective sur la fabrication (Qui est interrogé et comment ? Quels sont les intermédiaires des enquêtes ? Qui n’est pas interrogé et que l’enquête invisibilise ?), les apports et les limites de ces indicateurs. Il s’agit plus largement de s’interroger sur le sens des chiffres qui souvent érigés en dogmes, faisant souvent office d’arguments politiques au détriment du dialogue et dont l’emprise sur les décisions, sur les classifications (actifs/inactifs, jeunes/vieux, etc.) et les hiérarchies (femmes/hommes, priorités des politiques publiques, etc.) est croissante. Il s’agit aussi de questionner la nature, les motivations et la légitimité des producteurs, des commanditaires et des usagers de ces chiffres et de s’intéresser aux spécificités du contexte malgache.
Par sa situation insulaire et par sa position géographique Madagascar est très tôt placée au centre d’échanges multiples, qu’ils soient migratoires, commerciaux ou militaires, par exemple. Cette situation explique que l’usage des chiffres statistiques ou comptables, les pratiques de la mesure et du calcul qui sont inhérents au commerce y soient largement développés, même bien avant la période coloniale. Le colloque entend interroger cet héritage et analyser ses transformations pendant la colonisation (disparition ? assimilation ? résistance ?) qui a imposé les modes de comptage et de classement, ainsi que les catégories et les hiérarchies de la métropole.
Le colloque est ouvert à tous, étudiants et enseignants-chercheurs en sciences humaines et sociales ou en sciences « dites exactes », qui sont confrontés aux chiffres ou bien qui en recherchent pour étayer leurs travaux, qui en fabriquent ou bien qui en font leur objet d’étude, archivistes, professionnels statisticiens ou membres d’associations, tous ceux qui sont déterminés à mener une réflexion critique sur la signification, la fabrication et le pouvoir des chiffres depuis la période pré coloniale et jusqu’à aujourd’hui. Il entend à la fois pointer les continuités et les ruptures, préciser les liens entre organisation du pouvoir et façon de compter et saisir les transformations économiques et sociales de Madagascar à travers ces chiffres. Il entend aussi analyser les effets de ces indicateurs sur la société malgache, préciser les relations entre leurs commanditaires (métropoles, administrations, etc.), les intermédiaires (rôle des élites locales), les acteurs qui concourent à leur faire fabrication (enquêteurs/enquêtés) ainsi que leurs limites, sans oublier de cerner le flou qu’ils peuvent introduire dans la compréhension des situations. Toutes les communications qui pourraient ouvrir à des comparaisons dans une perspective d’histoire croisée et impériale sont également bienvenues.
Les propositions de communication sont à adresser à jramslala chez yahoo.fr et beatrice.touchelay chez univ-lille.fr avant le 7 février 2025 avec l’indication « Colloque chiffre juin 2025 » en objet.
Elles doivent comporter :
Le titre de la communication envisagée, un résumé d’une page et une biographie d’une demi-page indiquant la situation professionnelle, le cursus et les dernières publications de l’auteur.
Le colloque se tiendra en format hybride (présentiel et à distance). Nous encourageons les auteurs des communications proposées à se renseigner auprès de leurs institutions sur les financements dont ils pourront bénéficier pour payer les trajets, les procédures de visa, etc. L’hébergement et les repas seront pris en charge pendant le colloque, mais les autres frais resteront à leur charge. Le Comité ne pourra aider que ceux dont les institutions n’ont pas de moyens.
Le comité d’organisation se réunira la semaine du 9 février et les auteurs des propositions seront informés du résultat le 14 février 2025.
Comité d’organisation - université d’Antananarivo
Roland Rakotovao, maitre de conférences en histoire contemporaine
Richard Ranarivony, professeur d’histoire contemporaine
Jeannot Rasoloarison, professeur d’histoire contemporaine
Alex Claudio Randriamahefa, doctorant en histoire
Hery Niampy Rabemanajara, post doctorante en sociologie
Rakatomalala Hajatiana, doctorant en histoire
Comité scientifique
Chikouna Cissé, maitre de conférences en histoire contemporaine, université d’Abidjan (Côte d’Ivoire)
Samuël Coghe, professeur d’histoire globale, université de Gand (Belgique)
Raymond Ebalé, professeur d’histoire contemporaine, université de Yaoundé I (Cameroun)
Babacar Fall, historien, IEA Saint-Louis du Sénégal & FASTEF UCAD (Sénégal)
Wiliams Pokam Kandem, maitre de conférences en histoire contemporaine, université de Dschang (Cameroun)
Christian Fouelefack, professeur d’histoire contemporaine université de Dschang (Cameroun)
Emmanuelle Sibeud, professeure d’histoire contemporaine, université Paris Nanterre (France)
Richard Ranarivony, professeur d’histoire contemporaine, université d’Antananarivo (Madagascar)
Jeannot Rasoloarison, professeur d’histoire contemporaine, université d’Antananarivo (Madagascar)
Samuel Sanchez, maitre de conférences d’histoire contemporaine, université de Paris1 Panthéon Sorbonne (France)
Béatrice Touchelay, professeur d’histoire contemporaine, université de Lille (France)
[1] Enquête nationale sur le suivi des objectifs du millénaire pour le développement de Madagascar (ENSOMD) INSTAT, Office nationale de la nutrition, ONU, UNICEF, septembre 2011-aout2013 enquête nationale 2020 : 53,7% des ménages possèdent une chaise, chiffre en légère hausse par rapport à la dernière enquête auprès des ménages (EPM 2010, 51,2%), p. 137.
[2] Enquête périodique auprès des ménages (EPM) 2010 rapport principal, aout 2011. 8e enquête depuis 1993 : « Plus de la moitié des ménages possèdent des chaises, des tables, des nattes et au moins une lampe à pétrole artisanale. A l’opposé, le réfrigérateur, l’appareil photo, les instruments de musique, l’ordinateur, le cyclomoteur, la cuisinière à gaz, la caméra, les téléphones fixes, les voitures et le congélateur, affichent des taux de possession inférieurs à 2%. (…) 36% de la population possèdent une natte et n’ont pas de chaise tandis que 21% possèdent une chaise et n’ont pas de natte » p. 197-198.
Colloque
5-6 juin 2025 (Université d’Antananarivo (Madagascar))
Page créée le lundi 25 novembre 2024, par Webmestre.