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Colloque
Mardi 27 février 2018 (Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris)
Il est organisé dans le cadre d’un partenariat entre La maison rouge - Fondation Antoine de Galbert et le Musée du quai Branly - Jacques Chirac, avec le soutien de Columbia Global Centers, Paris, à l’occasion de l’exposition « Black Dolls, la collection Deborah Neff » à La maison rouge (23 février – 20 mai 2018)
Comité scientifique
Nora Philippe, commissaire de l’exposition « Black Dolls, la collection Deborah Neff »
Paula Aisemberg, directrice de La maison Rouge
Frédéric Keck, directeur du département de la recherche et de l’enseignement au musée du quai Branly - Jacques Chirac
Coordination
Aurélie Garzuel, programmation culturelle, la maison rouge
Anna Gianotti Laban, département de la recherche et de l’enseignement supérieur, musée du quai Branly – Jacques Chirac
« En quoi la poupée a été aux Etats-Unis, au XIXe siècle et dans la première partie du XXe, un objet, pluriel et complexe, traversé par les tensions raciales et sociales du pays ? Si les poupées dominantes véhiculaient des représentations caricaturales et dégradantes, ou bien étaient « simplement » calquées sur le modèle européen et colorées de noir, la fabrication de poupées noires uniques, réalistes ou stylisées, personnalisées et destinées à être transmises, ressortit à une pratique de résistance, qui fut progressivement théorisée et promue dans les années 1910 par des intellectuels africains-américains. Mais comment peut-on qualifier cette résistance, alors que ces créations sont peu ou pas documentées, et que leurs auteures sont anonymes ? Les poupées artisanales pourraient bien apparaître comme des objets-clefs dans l’écriture d’une histoire des femmes et artistes africaines-américaines.
Sur le versant des usages, quels rôles tinrent ces poupées dans l’intimité des jeux d’enfants ? Les scénarios de jeu validaient-ils ou subvertissaient-ils l’ordre racial et social en vigueur, dans un pays esclavagiste, puis ségrégué ?
La triple identité portée par ces poupées : objet d’usage quotidien ; œuvre d’art (que l’on considère qu’il y ait une telle intentionnalité à l’origine ou qu’elles aient des qualités d’œuvre d’art reconnues a posteriori) ; et image de soi obligent à croiser des disciplines multiples : cultural studies, histoire du costume, anthropologie et histoire de l’art, gender studies, philosophie, histoire de la photographie, opèreront un va-et-vient entre la spécificité culturelle, historique et technique des poupées de la collection Neff - des textiles utilisés aux influences stylistiques africaines - et une approche théorique plus large. Cette dernière tentera une archéologie de l’objet « poupée noire » en France - à la fois fantasmatique et muséal -, une redéfinition de la poupée d’une part comme représentation résistante au sein de l’histoire des arts, et d’autre part, comme une injonction politique. Cette triple dynamique se retrouve chez certains artistes contemporains issus de diasporas africaines qui réinvestissent l’objet poupée. »
Programme
09h30 : ouverture
Nora Philippe, commissaire de l’exposition « Black Dolls, la collection Deborah Neff »
Julien Clément, adjoint au directeur, département de la recherche et de l’enseignement supérieur, musée du quai Branly – Jacques Chirac
10h : La vie populaire de la photographie : poupées noires et poupées blanches, mémoire et matérialité, Deborah Willis, conseillère scientifique de l’exposition, professeure et directrice du Département Image et Photographie de la Tisch School of the Arts à l’Université de New York (NYU)
10h30 : Les poupées à deux corps – un sens dessus dessous racial, Patricia Williams, professeure de droit à Columbia University, journaliste à The Nation Magazine
11h : pause-café
11h15 : Les poupées de tissu noires : matériaux, fabrication, méthodologie, Madelyn Shaw, commissaire d’exposition, auteure, spécialiste du costume et de l’histoire américaine
11h45 : La poupée blanche et le fétichisme de la race, Elsa Dorlin, professeure de philosophie sociale et politique, département de science politique Université Paris 8 Vincennes/Saint-Denis
12h15 : débat
12h30 : pause déjeuner
14h : Échos du continent africain : quelques éléments de dialogue entre les poupées d’Afrique subsaharienne et les poupées noires américaines, Hélène Joubert, conservatrice en chef et responsable de l’Unité patrimoniale Afrique au musée du quai Branly – Jacques Chirac
14h30 :De collecte en fiction, inventions d’une poupée noire, ParisBruxelles entre-deux-guerres, Marie Gautheron, docteure en histoire de l’art, ENS Lyon
15h : pause-café
15h30 : Poupées de résistance, poupées de passage, Thierry Dufrêne, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’université Paris Nanterre
16h : Les poupées Pascale, Pascale Marthine Tayou, artiste plasticien, enseignant à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris
16h30-17h30 : discussion générale et conclusion / Modération : Nora Philippe
[1] Robin Bernstein, Racial Innocence : Performing American Childhood from Slavery to Civil Rights, New York University Press, 2011
Page créée le mercredi 7 février 2018, par Dominique Taurisson-Mouret.