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Appel
Date limite de soumission : samedi 11 janvier 2025
La mobilité, l’une des fonctions fondamentales de toute société, est de nos jours un concept incontournable dans les recherches sur les migrations en Sciences humaines et sociales. En se fondant sur l’approche de mobility turn ou new mobilities paradigm, des chercheurs ont défini quatre types de mobilités, notamment la mobilité résidentielle, la mobilité quotidienne, le voyage et la migration (Nathalie O., Salzbrunn M., et Stock M., 2018). Ces quatre types de mobilités renvoient à la mobilité spatiale. Celle-ci fonctionne comme un pôle à côté de la notion de mobilité sociale qui réfère à la promotion, au déclassement, au reclassement social, au changement de statut, etc. L’analyse de la mobilité nécessite par conséquent la prise en compte de ces deux dimensions.
Polysémique, la notion de mobilité dans cette étude sur l’Afrique s’intéresse particulièrement aux mouvements de populations, des biens, au transfert des savoirs et des savoir-faire entre différents espaces géographiques. Cette migration peut être consentie, forcée, temporaire ou définitive. L’historiographie sur la migration permet de reconstituer les principales séquences historiques de la mobilité des personnes, notamment la migration de peuplement, la migration de travail ou économique, la migration forcée, la migration clandestine, etc.
De plus en plus, les études analysent l’histoire genrée de la migration afin d’enrichir l’histoire sociale de la mobilité (N. L. Green, 2020). Par ailleurs, elles abordent les nouvelles mobilités qui sont constituées entre autres des émigrés du Sud en quête de mieux-être au Nord, des éco‑réfugiés, des déplacés internes et réfugiés dont la présence multipliée est consécutive à l’éclatement de nombreux conflits de basse intensité dans la plupart des continents. Certaines réflexions se penchent sur les migrations frontalières, irrégulières, pendulaires, sur l’économie de la migration (mise au travail précoce des enfants dans l’économie domestique, minière et de plantation, traite des êtres humains, etc.), les facteurs démographiques, religieux et climatiques liés à la mobilité. D’autres travaux analysent les migrations « réticulaires » et entrepreneuriales (G.-F Dumont, 2006).
Ces différents flux migratoires sont au cœur de l’actualité mondiale. Pour les partis populistes radicaux européens et certaines populations africaines, les immigrants sont sources d’insécurité, de pression sur le système de santé, les écoles. Leur intégration dans le marché du travail favorise le chômage des natifs. Contrairement à ces discours, dans certains milieux politiques et Étatiques, l’accueil des migrants est plutôt source de main-d’œuvre, d’innovations, de développement économique et social pour le territoire d’accueil. Ces raisons expliquent sans doute pourquoi les flux migratoires sont actuellement au cœur de vives controverses.
Dans une approche migratoire essentiellement fondée sur l’identité, la sécurité ou l’utilité, plusieurs États africains, européens, américains ont adopté des lois sur l’immigration afin de limiter le déplacement des personnes et l’accès au droit d’asile. Au regard des différentes préoccupations actuelles sur les phénomènes migratoires dans le monde, ce colloque envisage de repenser, en s’adossant à la longue durée, la problématique de la mobilité qui implique le contexte africain et met en exergue son impact sur la construction des identités.
Les politiques d’endiguement des mouvements migratoires au travers de programmes et moyens institutionnels de protection des frontières, qui se signalent en Occident (notamment l’Agence Frontex) peuvent-elles freiner la mobilité des hommes et des femmes du Sud ? En vérité, il s’agit de manifestations de la vanité de gouvernants qui feignent d’oublier que l’homme, dans son essence, est un éternel migrant. En Afrique, depuis l’époque de l’homo sapiens, les êtres humains sont perpétuellement en mouvement. Les raisons de ces migrations, qui se déroulent depuis des millions d’années, réfèrent à l’ordre social, économique, climatique, politique.) Ces déplacements, d’intensité variable, revêtent des formes changeantes non seulement selon le temps et l’espace, mais aussi selon les milieux sociaux et les civilisations.
En Afrique, l’assèchement progressif du Sahara, les guerres de conquête territoriales portées par diverses catégories de pouvoirs étatiques (empires, royaumes, confédérations), la chasse à la « peau d’ébène » consubstantielle de la traite atlantique étalée sur deux siècles, le déploiement d’États esclavagistes qui résultent de cette forme de « mondialisations », ont provoqué des déplacements de populations en quête de refuges, des modifications de la carte des densités humaines, des configurations ethniques et linguistiques.
L’économie coloniale, qui clôture cette longue durée de changements historiques et nécessite une main-d’œuvre abondante pour maximiser les profits à engranger, a eu pour conséquence la persistance des migrations forcées ou non des populations vers des zones d’exploitation, contrôlées par le capital européen.
À la fin de la colonisation, qui s’est traduite par une division des territoires en réservoirs de main-d’œuvre situés dans l’hinterland et en bassins d’activités économiques dites « modernes » et aménagés sur les côtes et dans les périmètres urbains, l’on observe la prédominance de la migration de travail. Mais, il convient de ne pas négliger la portée historique de la migration de fuite, qui est imputable au maintien de l’ordre, à la forte pression fiscale et à l’enrôlement militaire. Tous ces mouvements de populations ont redessiné la carte des terroirs et des territoires. Le procès colonial engendre ainsi une nouvelle donne géographique qui porte, entre autres dynamiques de changement préjudiciables, la déforestation et l’appauvrissement des sols.
Au lendemain des indépendances, les changements climatiques, qui se traduisent par l’irrégularité des précipitations, la dégradation des terres agricoles, l’assèchement des cours d’eau et la disparition du couvert végétal consolident les mouvements de population massifs en direction des zones forestières favorables à l’économie de plantation et des milieux urbains qui offrent de nombreuses opportunités d’auto-emplois et d’emplois salariés. Aux premiers fléaux cités, s’ajoutent le terrorisme, les guerres civiles et la famine. Aussi bien en Afrique de l’Ouest que dans d’autres parties de notre continent, ils agissent comme de puissants facteurs d’impulsion des déplacements de populations à l’intérieur et à l’échelle internationale.
Ces différentes mobilités humaines s’accompagnent de brassages de populations et participent par voie de conséquence à la fabrication de nouvelles identités. Elles ont non seulement façonné les paysages, les empreintes sociales, culturelles et également les structures politiques du continent. Elles ont généré des espaces de partage, d’inclusion, un environnement favorable à l’hybridation et à l’élaboration de systèmes de survie et d’organisation.
Évoquer la fabrique des identités nous enjoint de faire appel au cycle pharaonique et de pointer des chercheurs qui s’interrogent sur l’apport réel de l’Égypte pharaonique dans la construction des civilisations ouest-africaines. Chose que l’on relève dans les travaux du chercheur Cheikh Anta Diop. Parmi les spécialistes qui mettent en doute sa thèse, figure en bonne place l’archéologue Damien Agut (francetvinfo.fr, 2019) qui souligne que « L’Égypte pharaonique était connectée avec le Soudan et le Levant. Mais elle n’avait pas de liaisons transversales et transsahariennes avec l’Afrique de l’Ouest ». Ce colloque se propose de re- questionner la contribution de l’Égypte ancienne à la fabrique des identités en Afrique subsaharienne.
L’édification des différents empires (Ghana/Wagadou, Mali, Songhaï, Monomotapa, etc.), des royaumes (Ifé, Haoussa, Ashanti, etc.) a favorisé des brassages humains et culturels. Par le commerce, et parfois par la guerre, les Soudanais ont islamisé certaines régions d’Afrique et organisé des transferts des technologies relatives à la métallurgie du fer, au tissage et à l’extraction de l’or.
La mobilité des Européens et des Africains sur l’espace africain à l’époque des traites atlantiques et pendant la colonisation crée de nouvelles identités culturelles plus ou moins métissées avec les populations locales. Cette présence européenne qui contribue à l’introduction de cultures et techniques agricoles inconnues jusque-là en Afrique, de nouveaux cultes portés par l’Église missionnaire, a constitué un moteur de l’évolution des mentalités, des cultures matérielles et immatérielles. Elle a également engendré des changements sur le champ de l’ethnie, de l’ethnicité, de la « détribalisation » du citadin, etc. (J-P Chrétien et G. Prunier, 2003).
La crise économique des années 1980, la question foncière, l’accès à la citoyenneté sont de plus en plus au cœur des conflits entre les immigrants et les nationaux en Afrique. Ces conflits freinent l’intégration des migrants dans les sociétés d’accueil et sont à l’origine de nombreuses crises identitaires observées en Afrique.
Ce colloque international en hommage au Professeur ALLOU Kouamé René se veut un cadre d’analyse des politiques migratoires que des gouvernements africains, soumis ou non au diktat des pouvoirs publics occidentaux, tentent de mettre en œuvre afin de remédier à ces crises identitaires dans le cadre de la construction de l’État-nation. Il offre l’opportunité à des chercheurs en sciences sociales et humaines de revisiter, à travers la problématique de la mobilité des hommes, des biens, du transfert des savoirs et des savoir-faire, du remodelage des identités, ce qui fait sens en matière d’intégration des peuples en Afrique. Des axes de travail permettront d’organiser et les échanges attendus lors de ce colloque international transdisciplinaire.
Axes de travail
Axe 1 : Témoignages sur le parcours académique, les enseignements, les recherches du Professeur Kouamé René Allou
Axe 2 : Traditions orales, origine, migration, mutations linguistiques et formation des peuples en Afrique
Axe 3 : L’Égypte ancienne et la construction des civilisations des peuples de l’Afrique subsaharienne
Axe 4 : Esclavage, traites atlantiques, islamisation et remaniement des identités
Axe 5 : Colonisation, mobilité et remodelage des pratiques économiques, politiques et sociales des peuples africains
Axe 6 : Inventaire, sauvegarde, valorisation et transfert des savoir-faire traditionnels africains
Axe 7 : Nouvelles formes de migrations contemporaines, intégration et crises identitaires
Ces axes ne sont pas exhaustifs. Des propositions, portant sur d’autres contextes et dévoilant des renouvellements théoriques, ont leur place dans les échanges que nous comptons organiser pour enrichir la réflexion transdisciplinaire.
Les propositions de communications sont envoyées à colloqueallou2025 chez gmail.com avant le 11 janvier 2025
Les chercheurs, enseignants-chercheurs, doctorants et toutes les autres personnes intéressées par le présent appel sont invités à soumettre un résumé en français ou en anglais. Le résumé doit comporter 300 mots au maximum suivi de cinq mots-clés. Rédigé en Arial Narrow 12, il doit comporter l’axe choisi, le nom et les prénoms de l’auteur ou des auteurs, le grade, le laboratoire ou le département et l’institution de rattachement, l’adresse électronique ou toute autre information permettant de mieux faire connaissance avec l’auteur ou les auteurs.
Calendrier du colloque
12 octobre 2024 : Lancement du colloque.
11 janvier 2025 : Date limite de soumission des résumés.
21 janvier 2025 : Date de notification d’acceptation des propositions de résumé.
10 mars 2025 : Date limite d’envoi des articles. Pour la présentation des articles, se conformer aux normes du Cames.
Frais de participation au colloque
Enseignants-chercheurs/ chercheurs : 50.000 F CFA (77 euros)
Doctorants : 20.000 F CFA (31 euros)
Autres intervenants : 30.000 F CFA (46 euros)
Les frais de participation au colloque doivent être envoyés par Mobile money, Western union et Money gram aux trésoriers Dr GOSSAN Logbou Kousso Marie Flora (+225 0707926267/ Orange money) et Dr SECRE Kouamé Kossonou Frédéric (+225 0707375768/ Orange money et Wave ; +225 0140332241/ Moov money).
Ces frais couvrent les pauses-café, les déjeuners, le kit de participation. Les frais de voyage et de séjour sont à la charge des participants.
Les actes du colloque feront l’objet de publication.
Contacts utiles : (+225) 0709706163 / 0707326637 / 0708881799
Colloque
Du 16 au 18 avril 2025 (Université Félix Houphouët-Boigny Abidjan, Côte d’Ivoire)
Page créée le jeudi 5 décembre 2024, par Webmestre.